Parlons affaires [Privé]

Cela faisait quelques semaines déjà que Silas avait rencontré la demoiselle Blackwall-Rosebury dans une de ses maisons closes d'Ayrith, et qu'ils avaient conclus leur arrangement. A ce jour, c'était lui qui venait sur le terrain de la jeune femme, afin de réclamer son dû, qu'il savait acquis.

Il était donc venu jusqu'à Newell sans prévenir personne -et surtout pas la principal intéressée-. Après deux jours à régler quelques affaires dans la province, il était enfin venu à la rencontre de la jeune femme.

A ce moment là, le proxénète était assis, tranquillement, dans un coin de la bibliothèque où il savait la jeune femme bénévole. Il feuilletait tranquillement un vieux livre épais. "Stratégies militaires pour l'unification des Terres Incertaines". Ce n'était pas vraiment le genre de lecture que l'on aurait fait ainsi, pour le plaisir, et pourtant, Silas ne se déconcentrait pas. La lumière vacillante de la bougie qui éclairait transitoirement son visage confirmait cela : il ne relevait jamais le regard de son ouvrage.

Pourtant, sans que cela ne puisse se remarquer, Silas faisait bien deux choses à la fois. En plus de sa lecture, il guettait surtout le moment propice où il pourrait aborder la vampire.

Roxane n'avait pas du tout oublié le marchais conclu avec Silas. Elle s'était mise à l'oeuvre dès son retour d'Airyth. Tout semblait se montrer propice. Sa mère avait mordu à l'hameçon et sa famillene semblait pas s'opposer à la vente du bâtiment. La vampire préférait,cependant' attendre un peu avant de prendre contact avec Silas.

Aujourd'hii, elle se rendit dans la bibliothèque où elle était bénévole. Roxane était de bonne humeur.

Silas n'avait pas l'impression que la demoiselle l'avait remarqué. Elle vaquait à ses propres occupations, un air heureux sur le visage. Le proxénète se disait que celui-ci allait rapidement disparaître lorsqu'elle s'apercevrait de sa présence. Qu'importe. Il était là pour les affaires.

Il attendit patiemment que la bibliothèque se vide, avant de pouvoir aborder la jeune femme. Il ne voulait pas que des oreilles indiscrètes interceptent leur discussion, ou simplement sachent qu'ils ont été en contact. Cela pourrait nuire à son investissement.

Heureusement pour lui, la plupart des usagers de la bibliothèque commençaient à s'éloigner. Silas souffla sur la bougie qui jusque là l'éclairait, puis se leva. Il coupa la route à Roxane, afin d'être sûr qu'elle le remarque, et lui fit un discret signe pour lui faire comprendre qu'il voulait qu'elle le suive, pour discuter dans un coin plus tranquille.

Ensuite, l'homme se dirigea vers le rayon des ouvrages militaires, qui était désormais vide. Il posa son livre, et attendit la demoiselle.

Roxane aimait la bibliothèque. Elle ne croisait jamais aucun Blackwell ici. Les gens n'avaient pas préjugés sur sa condition de vampire et ils ne savaient, la plupart du temps, même pas qui elle était. 

Elle rangeait des livres alors que la bibliothèque se vidait. Alors qu'il n'y avait plus personne, une silhouette lui barra le chemin. En levant la tête, elle découvrit que c'était Silas. Il ne dit pas un mot. Il lui signala par des gestes de le suivre.

Roxane n'allait certainement pas risquer de partir et de lui filer entre les doigts. Elle le suivit et attnetdit qu'il parle.

Le proxénète, en se retournant dos à l'étagère, pu constater avec satisfaction que la demoiselle l'avait suivi. Il l'aurait bien imaginée protester juste pour la forme. Mais non.

- Tout d'abord, bonsoir.

Avant de rentrer d'entamer les choses sérieuses, il pouvait tout de même se montrer poli. Il avait, après tout, été élevé comme un gentleman. Cependant, cela ne dura pas. Silas voulait bien tolérer quelques banales salutations, mais il ne pouvait pas non plus perdre son précieux temps en s'empêtrant dans toutes les formalités d'usages.

- Comme je vous l'avais dit, je reviendrai vers vous lorsque je saurais nos affaires plus avancées. Me voilà donc. 

Il inspira, passa la main dans ses cheveux, et reprit rapidement la parole.

- Venons-en directement au sujet d'intérêt. L'acte de propriété. Pourrais-je venir le signer en personne, ou mieux vaut-il que j'envoie un intermédiaire pour que la vente se fasse plus vite ?

Silas savait que son identité était un frein, malgré tout ce qu'avait pu faire la demoiselle Blackwall pour convaincre sa famille.

-Bonsoir", articula Roxane avant que son interlocuteur ne se passe la main dans les cheveux. 

Il avait un air hautain et semblait tellement sûr de lui.... Il voulait croquer le monde à pleine dent. De lui se dégageait une terrible sensation d'avidité de pouvoir... Ecarter de la famille royale, il semblait en vouloir à ceux-ci... Un paria parmi les siens ... Un frisson parcouru l'échine de Roxane. Elle pourrait être comme lui, enfin, finir comme lui, rongée par la haine et vivant une vie décadente pour faire honte à ceux qui ont voulu l'évincé... Roxane ne voulait pas terminer de cette façon. 

"Les gens d'ici ne connaisse pas votre visage... Il y a quasiement aucune chance qu'on vous reconnaisse dans nos contrées. Vous pourrez le signer vous-même."

Elle savait que c'était encore une plus grande satisfaction pour lui s'il pouvait signer en personne. 

Silas hocha la tête. Il doutait un peu du fait que les gens ne connaissaient pas son visage, en tout cas, les nobles, étant donné que quelques années auparavant, il participait à de nombreuses joutes dans tous les coins du royaume. Il se souvenait aussi que quand il était plus jeune, on lui avait fait apprendre les nobles les plus éminents, et leur portrait ; quoi qu'on en dise, grâce à son argent et l'influence qu'il pouvait en tirer, il comptait parmi ceux-là. Enfin, encore aujourd'hui, il venait de façon assez récurrente à Newell pour les affaires, même s'il n'allait plus s'exhiber. Il était donc certain que plusieurs habitants de la province connaissaient son identité.

Cependant, si Roxane disait qu'il pouvait le signer, et donc mettre son propre nom sur les papiers, cela ne devrait pas poser de problèmes.

"Très bien, ça ira plus vite comme ça. Et quand cela pourra-t'il se faire ?"

Le proxénète avait hâte de pouvoir s'installer, commencer à recruter du personnel, et fructifier la chose.

Silas détourna quelques instants son regard de celui de la demoiselle, et parcouru la pièce où ils se trouvaient des yeux. Il avait l'impression qu'ils étaient seuls, qu'il n'y avait que les livres pour leur tenir compagnie.Tant mieux. Son regard revint ensuite vers elle, et se fixa droit dans ses prunelles.

Si les nobles apprenaient apprenaient les portraits des nobles importants du pays, ils en oubliaient souvent le visage quand ils ne les côtoyaient pas beaucoup. 

"Le contrat devrait pouvoir se signer dans le courant de la semaine prochaine."

Il devrait se montrer un peu patient.... 

Quand le regard de Silas se planta dans les prunelles de Roxane, celle-ci détourna le regard. Elle n'aimait pas fixer quelqu'un dan s les yeux... Cela la dérangeait. 

La jeune femme évitait son regard. Silas se retint de faire une remarque là dessus, même s'il en avait beaucoup à dire. Ce n'était pas le moment, et ce n'était pas non plus la bonne destinataire pour ce genre de remarque : certes, le proxénète allait l'aider et lui trouver un époux, et elle lui permettait d'acquérir plus rapidement le bâtiment qu'il convoitait, mais leur arrangement s'arrêtait là.

'Bien. Vous n'avez pas de jour plus précis à proposer je suppose ?"

En même temps qu'il parlait, il se retourna très légèrement vers l'étagère. Puisqu'elle évitait son regard, il lui facilitait la tâche, même si son geste paraissait très malpoli. Il parcouru les différents livres, arrêtant parfois ses yeux sur un titre précis, mais reprenant très vite son exploration visuelle.

Roxane savait que Silas était un homme dangereux. Déjà que regarder quelqu'un dans les yeux, elle considérait cela comme assez impoli et intimidant.. Mais quelqu'un comme Silas... C'était encore pire. Elle s'était déjà demandé si elle n'avait pas déjà trop joué avec le feu et qu'elle n'avait pas déjà brûlée ses ailes à faire un marché avec lui. 

"Non... J'aurais une date d'ici quelques jours."

Quand elle ne sentit plus son regard sur elle, elle releva la tête et l'observa. Il semblait s'intéressait aux livres. 

Roxane se demanda si la vie de Silas était remplie de débauches et d'interdit. Il était comme une sorte d'extra-terrestre pour elle qui avait toujours suivit les règles qu'on lui imposait. Pourtant, il n'avait pas l'air quelqu'un de satisfait de ce qu'il avait.