• C'est cela. Parle encore.


    Dimanche 13 Octobre à 00:19
    Chyropée

    Comment réagir dans cette situation ? Incompréhension, colère ? Louison était perdue. Si elle soupçonnait une quelconque manipulation, elle ne pouvait le clamer haut et fort. Elle aurait tout aussi bien pu se tromper. D'autant qu'elle ne savait pas vraiment qui était la personne qui avait envoyé la seconde robe. Et même, laquelle était la seconde robe. La dryade se disait que dans le cas présent, il valait mieux éclaircir la situation, en tentant d'être calme.

    D'où, la meilleure solution, se précipiter voir Félixine, celle qui, puisse qu'au moins expéditrice d'une des deux robes, était la plus informée. Calmement donc. C'était compliqué. Louison était impulsive de nature. Et à cet instant là, bien trop perturbée par la situation pour être au clair dans ses pensées. Malgré tout, ses mots, lorsqu'elle passa la porte, avaient le mérite de ne pas être agressifs, malgré leur sens accusateur.

    Toutefois, la réaction de Félixine fut tout aussi surprise que celle de la dryade. Ce n'était pas parce que Louison interrompait ses propres essayages. La demoiselle aux cheveux verts n'avait de toute manière n'avait pas la pudeur d'être gênée de la situation, d'autant qu'elle avait déjà vu la noble bien moins vêtu. Non, ce que Louison pu constater, c'était que son interruption était bel et bien légitime. Félixine n'était pas à l'origine de la seconde robe. Et elle semblait elle-même bien agacée de la situation.

    "C'est celle que j'avais reçu en premier. Mais si ce n'est pas vous, de qui est celle là ?"

    Etonnamment, voir Félixine s'agacer eut le mérite de calmer, en quelque sorte, le désarroi de la dryade. Elle baissa les yeux vers la robe qu'elle portait, troublée. De qui, et pourquoi, surtout ? Dans ce palais, Louison peinait à croire aux bonnes intentions. La personne qui la lui avait faite livrer avait sûrement bien réfléchi à son projet. Il n'était pas compliqué de supposer que Louison préfèrerait la robe actuelle à celle que lui avait fait porter Félixine. La dernière mode ? Quelle idée ! En même temps, si Louison voulait faire bonne impression à la cour, la robe rouge était sans doute plus adaptée. Elle se mordit la lèvre. Ce bal était vraiment une affreuse idée.

    "J'avais remarqué, oui. Après, la question est surtout de savoir si elle convenable aux yeux des nobles ? Pourrait on me l'avoir envoyé avec l'espoir que je me ridiculise en la portant ? Après tout, elle est assez différente de celle que vous m'avez fait porté ; si c'est ce style que les nobles aiment, je risquerais de faire tâche ainsi vêtue."

    Louison ne savait pas vraiment si elle pouvait totalement faire confiance à Félixine, au vu de la brouille qui les avait opposés. Mais dans le cas présent, sa surprise semblait sincère. Elle n'était pas au courant pour les robes. Ca, plus le fait qu'elle avait opposé à Louison l'honneur de sa famille, celle-ci se disait qu'au moins, sur cette question, la noble serait probablement honnête. Et si ce n'était pas le cas, tant pis. Louison n'était déjà pas bien haut dans l'estime de la noblesse, elle n'avait pas énormément à perdre.

    Parce qu'à moins que Félixine lui dise que cette robe était immettable en public, la dryade était décidée. Elle la porterait. Officiellement pour retrouver qui était la personne qui la lui avait envoyée, et parce que le temps manquait de se changer une troisième fois, officieusement pour des questions de confort.

    Mercredi 16 Octobre à 00:08
    Snowy Emerald

    Si Louison faisait assez attention, elle pourrait remarquer des similitudes entre la robe rouge, faite apportée par Félixine et la robe que portait la princesse elle-même. Cette dernière n'était pas rouge mais d'un bleu très sombre. Cependant, la coupe était similaire et le style aussi. Félixine aurait pu prendre les deux robes, celle de Louison et la sienne, chez la même couturière... C'était d'ailleurs ce qui s'était, très probablement produit. Mais la princesse avait une autre motivation.

    « Je sais pas qui vous a fait apporter la robe que vous portez actuellement. »

    Les lèvres pincées, Félixine était bien mécontente. Quelqu'un venait proposer un autre choix, une autre direction que celle qu'elle avait choisi. Les questions suivantes de la dryade agacèrent la princesse. Avec les domestiques autour, qui avaient l'habitude des usages de la cours, Félixine ne pouvait pas mentir et devait faire bien attention à ses paroles. Avec un sourire crispé, la jeune femme brune répondit :

    « Convenable, oui... Elle l'est. Vous ne serez pas ridicule. Mais ce type de modèle de robe n'est pas à la dernière mode. Les nobles font très attention à leur apparence. Regardez comme ma robe est du même style que celle que je vous ai fait apporter. Nous serions assortie, tenta de l'amadouer la princesse. Plus qu'une tenue, votre robe est un symbole pour vos fiançailles. Nous nous montrerions unies, heureuses de bientôt faire partie de la même famille. Vous aurez le titre de princesse et la protection de mon cher frère par votre union. Et, ce soir, c'est l'occasion aussi de montrer que nous nous soutenons l'une et l'autre.»

    Félixine jouait la carte de la sororité, de la solidarité féminine, cherchant à faire comprendre à Louison qu'elle était de son côté et toujours une alliée. Quelle plaie. Comment ses parents pouvaient-ils accepter sans broncher que leur héritier unisse leur nom à celui d'une dryade sortie des bois ? Etait-ce la disparition de Mathurion, qui s'était amourachée d'une simple servante, qui leur avait ramolli la cervelle ? Pour un peu, Félixine en rigolerait. La progéniture royale semblait avoir un faible pour les gens du petit peuple. Quoique... Félixine n'arrivait pas à croire que Batiste se soit réellement épris de Louison.

    Dans un premier temps, Félixine avait aidé Louison pour attiser la colère de son jumeau. Ensuite, la dryade, n'étant pas familière avec la cours, avait pu lui être utile. Et en constatant l'intérêt étrange de son frère pour Louison, Félixine avait déjà pensé à tenter de pousser cette dernière vers son frère pour avoir des informations utiles. Au plus, dans la tête de Félixine, Louison aurait été une distraction, comme un chat qui joue avec une souris. Et pour Batiste, Louison aurait dû être un objet de colère, un motif pour le pousser à faire de mauvais choix et à se mettre, au moins, ses futurs sujets à dos. Et si Batiste s'était intéressé à la dryade d'une autre manière, avec le temps, Félixine aurait bien profité de la situation en œuvrant pour la rapprocher de Batiste, toujours pour obtenir un point faible de son frère. Elle aurait dû garder une grande emprise sur Louison, pour pouvoir briser son frère une fois le moment opportun. Tout au plus, Louison serait devenu une maîtresse. Certainement pas acquérir un titre légitime aux yeux du royaume. Batiste l'avait bien prise par surprise avec sa demande en mariage. Ce sale rat arrivait toujours à ses fins bien que ces dernières restent floues pour la princesse.

    Mercredi 16 Octobre à 17:09
    Chyropée

    Bien sûr, Félixine n'en savait pas plus que Louison. Toutefois, cette dernière aurait bien aimé entendre les suppositions de la première, au moins. Qu'elle ne lui donna pas. Enfin, sans doute auraient elles été les identiques à celle de Louison.

    La dryade ne comprenait définitivement pas. Qui aurait pu se soucier suffisamment d'elle, en ces lieux, pour lui envoyer une robe ? Surtout si ce n'était pas un piège. Des ennemis, Louison avait bien compris qu'il y en avait partout dans ce palais. Par contre, des alliés, à l'exception de Félixine, la dryade était incapable d'en citer. A moins que ça ne soit un serviteur qu'elle aurait pu séduire par sa bienveillance lors de la parade ? Non, aucun n'avait les moyens de payer une telle tenue. Elle était perdue.

    Il n'était cependant pas temps de mener son enquête. Le bal se rapprochait, et Louison n'avait fait que passer sa robe. Elle était venue voir Félixine avec l'intention de la questionner, elle avait ses réponses. La robe n'était pas d'elle, mais ce n'était pas non plus un piège. Aussi, au vu de la manière dont elle avait traversé le palais avec, elle ne risquait pas non plus de se déchirer en plein milieu d'une danse. Pour la jeune femme, ces éléments étaient suffisants. Elle pouvait la garder. Quand au reste, elle aurait bien le temps de s'y consacrer plus tard. Durant la soirée par exemple.

    "Si elle est convenable, alors elle fera l'affaire. Je manque de temps pour retourner encore une fois me changer."

    C'était dit, Louison ne reviendrait pas dessus. Sa décision était, de toute manière, depuis longtemps prise. La seule chose qui aurait pu faire revenir la dryade sur celle-ci aurait été son inadéquation. Ce n'était pas le cas, alors c'était suffisant pour la jeune femme. Malgré tout, Félixine continuait à défendre sa robe. A leur manière, ses arguments réussirent à toucher Louison. Un sourire s'afficha sur son visage. Elle repensait à leur brouille. Félixine semblait définitivement vouloir revenir en arrière. Si elle l'avait pu, Louison l'aurait sans doute prise dans ses bras. Mais la noble était encore bien entourée de ses aides et vêtue de son impeccable robe de bal. Ce n'était pas convenable. Louison se retint, même si son attitude trahissait émotion. Ses yeux pétillaient de candeur.

    "Ohhh ! Ne vous en faites pas Félixine, nous n'avons pas besoin d'une robe pour nous montrer unies. Il y a beaucoup d'autres moyens."

    Louison marqua un instant de réflexion, tout en grattant sa joue de son index. Des coiffures assorties ? Des bijoux ? Non, ce n'était pas l'idéal. La dryade voulait rester sobre, ce qui n'était pas, elle s'en doutait, le cas de Félixine. Il suffisait de voir la robe pour en témoigner. Louison ne se voyait pas danser avec les cheveux relevés de manière bien trop excentrique. Ou avec des parures opulentes. Sur ces détails là, elle gardait encore un certain contrôle, elle ne pouvait se permettre de le perdre.

    "Nous pourrions ... je ne sais, arriver ensemble par exemple. Ce serait un beau signe d'unité ça."

    Sans doute n'était-ce pas protocolaire. Sauf que le protocole était sans aucun doute la dernière chose à laquelle Louison pensait. Elle aurait peut-être dû, dans son ambition de faire bonne impression. Enfin, on ne se refaisait pas.

    Jeudi 17 Octobre à 18:48
    Snowy Emerald

    Félixine s'agaça en entendant la décision de Louison. Elle garda un visage détendu et amical. Son discours n'avait pas eu l'effet voulu. Et c'était déplorable. Bien sûr que la dryade avait encore du temps pour se changer. C'était un stupide prétexte. Félixine détesta instantanément la personne qui avait fait apporter cette seconde robe.

    « Si nous suivons les traditions et le protocole, nous ne pouvons pas arriver ensemble, Louison.

    Avec un sourire malicieux, la princesse ajouta :

    -Mais certaines traditions peuvent se bousculer. Mon frère a enfreint pas mal de règles en vous choisissant. Je suppose qu'arriver avec moi ne sera qu'une goutte d'eau de plus. »

    Puis, Félixine congédia rapidement Louison. La dryade devait encore être coiffée et maquillée pour l'occasion. Et la princesse devait aussi terminer sa préparation.

    Une fois Louison partie, le port altier, Félixine demanda à avoir une coiffure sophistiquée de tresses entortillées et imbriquées les unes dans les autres. Elle demanda aussi à avoir un maquillage assez chargé. Il était rare que de telles occasions se présentent.

    De son côté, Batiste se préparait aussi. Ce bal n'avait rien à voir avec la parade organisée pour présenter officiellement Louison au peuple. Là, on parlait de la noblesse, des harpies, des courtisans à la langue aiguisée. Le moindre mouvement de Louison, sa moindre parole... tout serait observé et décortiqué. La préparation d'un homme était moins fastidieuse et moins longue que celle d'une femme. Le prince n'aimait pas cette émotion qui grandissait en lui à chaque minute qui passait. Comment on appelait cela déjà ? Ah oui... de l'appréhension, du stress. Détestables émotions. Surtout qu'il n'y avait pas, à proprement parlé, de quoi stresser. Batiste n'avait pas à appréhender ce bal. Il pesta en voyant l'heure. Il était bientôt temps pour lui d'aller faire son entrée.

    Lundi 4 Novembre à 20:06
    Chyropée

    Il y avait de quoi être satisfaite. Louison avait obtenu ce qu'elle souhaitait, et cela lui était bien suffisant. Elle rendit son sourire à Félixine, avant de s'éclipser comme elle le demandait. Dans tous les cas, elle n'avait rien de plus à faire dans la chambre de son interlocutrice. Son statut de dame de compagnie avait été annulé au profit de celui de fiancée de Batiste.

    Toutefois, Louison ne retourna pas dans le petit salon. Elle avait passé la robe, pour le reste, elle se soustrairait sans soucis aux avis des caméristes. Ce n'était pas comme si elle les écoutait de toute manière. A la place, elle retourna donc dans sa propre chambre, où elle fit les derniers ajustement sur la robe, à savoir enlever quelques couches de jupons, et ajouter une sorte de ceinture faite d'une liane enroulée qui lui permettait de cacher les coutures qu'elle avait pu abîmer.

    Elle s'observa dans le miroir. Son sens de l'esthétique n'avait jamais été très développé. Depuis toujours, le pratique primait sur l'apparence. Malgré tout, depuis son arrivée à la cour, les efforts qu'elle avait du fournir lui permettait d'avoir un minimum de critique. Ce qu'elle voyait ferait très bien l'affaire. Restait la coiffure et les bijoux. Pas de chaussures, il y avait des limites aux efforts qu'elle pouvait fournir. Mais pour le reste, elle se devait de faire un effort. Un peu plus que d'habitude, au moins. Même si l'idée l'horrifiait, elle ne pouvait oublier qu'il s'agissait d'un bal donné en son honneur. Elle serait jugée de partout, et elle se devait, pour son propre bien, de tout faire pour que ces jugements soient positifs.

    Elle releva donc quelques unes des mèches de ses cheveux, s'en faisant une couronne tressée autour de ses bois, comme elle en avait l'habitude. Pour que cela soit un peu plus construit, elle remplaça l'un des brins de chacune des deux tresses par une branche souple qui rappelait les couleurs de sa robe et de ses bois. Comme lors de la parade, elle agrémenta le tout de quelques fleurs, qu'elle avait récolté sur un des jupons arrachés. En plus de sa frange, quelques mèches sauvages venaient encadrer son visage et ses oreilles.

    Sans l'avoir dit à personne, elle s'était arrêté en ville avant d'aller se régénérer, pour se faire percer les oreilles. Quelle torture. Malgré tout, grâce à la communion avec son arbre, elle avait pu cicatriser rapidement, pour pouvoir ce soir là revêtir quelques bijoux. De simples pendent dorés, achetés au même moments, assortis au reste de sa parure. Autour de sa cheville, elle ajouta également une seconde liane. Et enfin, pièce maitresse mais regrettable, la stupide bague de fiançailles.

    Ne manquait plus qu'un maquillage, léger et limité par ses faibles capacités pour se poudrer, et là voilà qui était prête. En avance, fait étonnant. De nouveau, elle revint devant son miroir, et exécuta quelques uns des pas qu'elle avait appris. Cela ferait l'affaire. Elle y arriverait. Elle ferait tout pour.

    Longuement, elle inspira. Et puis elle s'élança. Il était temps de se jeter dans la gueule des loups (si seulement cela avait pu ne pas être une métaphore, cela aurait été tellement plus facile). Il était temps d'aller au bal.

    Samedi 9 Novembre à 18:37
    Snowy Emerald

    Batiste sortit de ses appartement apprêté pour le bal. Ce dernier avait déjà dû commencer. Les premiers invités devaient être dans la grande salle de réception. Au lieu de s'y rendre, Batiste était allé voir ses parents. En suivant l'étiquette, il devait arriver juste après ses parents. C'était donc d'un pas décidé que le prince rejoignait le roi et la reine. Ou plutôt, en apparence, sa démarche l'était car son esprit n'était pas tranquille. Ce bal n'avait rien à voir avec une parade pour se présenter au peuple. Tous les nobles scruteraient au monocle et à la loupe les moindres faits et gestes de Louison. Batiste connaissait les règles de ce genre de soirées, il connaissait le protocole sur le bout des doigts. On pouvait même dire qu'en tant que prince, il était le protocole, ou, tout du moins, une partie. Louison était étrangère à cela. Etrangère à la cours, aux règles suivies par la noblesse. Et même si la dryade imitait les codes de ce milieu, elle resterait une étrangère. C'était à Louison de se forger sa place, se trouver son équilibre et de faire de sa différence une force. Il pouvait toujours intervenir pour faciliter les choses mais le cœur de tout cela restait la manière dont Louison allait gérer cette soirée et les prochains jours.

    En arrivant auprès de ses parents, sa mère le réprimanda sur sa tenue. Elle réajusta son col. Batiste avait volontairement laissé son costume un peu décontracté, exprès pour agacer sa mère qui le réprimandait sur son manque d'élégance alors qu'il état prince.

    « Je suis très bien, maintenant, mère.

    La reine soupira.

    -Tu nous as déjà ramené une sauvageonne... Qu'elle ne déteigne pas sur toi.

    Batiste ne répondit rien mais son regard se fit plus dur. Sa mère, la reine, devrait faire plus attention à son vocabulaire.

    -Quelle idée tu as eu de ne pas nous en avoir parler.

    Avant que la conversation ne prenne un tournant que Batiste jugerait inutilement désagréable, le prince intervint :

    -Mère, peut-être que je déteindrai sur ma promise, qui vous succédera au trône, mère. »

    Batiste savait que ce dernier morceau de phrase aurait la sympathie d'irriter sa mère. Comment sa mère, imbue d'elle-même, pourrait-elle se satisfaire que celle qui lui succédera soit un simple roturière ?

    Enfin, l'heure de se présenter dans la salle de réception arriva. D'abord, le roi et la reine entrèrent. Batiste se tenait derrière eux. Il arriverait avant Louison. Sa sœur aurait dû se trouvait non loin de là. Mais où se trouvait donc Félixine ? Il fit son entrée sans la présence de sa sœur derrière lui.

    Le prince salua quelques invités de prestige, de la haute noblesse et proche de sa famille. L'heure d'arrivée de Louison était presque arrivée.

    Batiste tourna son regard vers l'entrée de la salle. Attendant l'arrivée de sa fiancée ; la vedette de cette soirée.

    De son côté, Félixine avait retrouvé Louison afin d'effectuer son entrée dans la salle de bal en même temps que la dryade.

    Lundi 11 Novembre à 20:14
    Chyropée

    Lorsque Louison arriva dans l'antichambre, elle n'y trouva presque personne. Quelques employés, et Félixine. Ce fut là qu'elle apprit les détails de l'organisation. En tant qu'invitée d'honneur, elle était supposée arriver la dernière. Elle ne put retenir une grimace à cette idée. Bien sûr, elle savait que son arrivée allait être scrutée, jugée. Elle se doutait que la plupart des nobles se seraient empressés d'arriver avant elle dans le seul but de pouvoir l'observer. Mais de là à ce qu'elle soit officiellement la dernière ! Elle aurait dû se renseigner avant. Cela risquait d'être affreusement gênant. La musique d'ambiance qui s'arrête, tous les regards qui se tournent dans la même direction ... vers elle. Vers elle, et vers Félixine.

    Louison regarda la noble, rayonnante dans son opulente robe bleue. A côté, c'était à peine si la dryade se remarquait, malgré les quelques accessoires qui détonnait de son habituelle sobriété. Elle réalisa que c'était une très mauvaise décision de sa part que de lui avoir proposé d'entrer à ses côtés. Cela allait se retourner contre elle. Couarde, timorée, irresponsable. Pas capable d'incarner la grandeur qui aurait du être attendue d'elle. Alors oui, c'était sans doute vrai. Louison n'était pas du genre à se faire remarquer par sa prestance ou son aptitude à écraser les autres. Son fort caractère résidait plutôt dans la manière dont elle était incapable de ne pas se battre pour se en quoi elle croyait. A l'opposé des attentes de la cour, donc. Alors partager ce qui aurait dû être son moment de gloire, dans le simple but de montrer son amitié à Félixine, c'était une très mauvaise décision. Il était toutefois trop tard pour revenir en arrière.

    La dryade se mordit la lèvre, tout en ramenant une nouvelle fois son regard sur la jeune femme. Pourquoi ne l'avait-elle pas prévenue ? Pourquoi avait-elle même accepté ? Elle savait pourtant le tord que cela pourrait causer à Louison. A moins qu'elle n'y ait pas pensé ? Etait-ce seulement le moment de se questionner sur tout cela ? Désormais, il fallait se préparer à entrer. Et trouver un moyen de garder la face devant les nobles pleins de jugement.

    "Vous êtes solaire, Félixine. Ou devrais-je plutôt dire lunaire ? Ce serait plus adapté aux couleurs de nuit que vous portez."

    Elle sourit, et avança vers son interlocutrice, avant de se saisir de sa main. Ce n'était pas grand chose, mais c'était sans doute mieux que rien. Prendre les devants de la relation, assumer pleinement l'erreur qu'elle avait faite. Louison n'avait pas seulement conquit le cœur de Batiste, l'amitié de Félixine également. C'était le message qu'elle devait faire passer. Laisser entendre à la cour que si elle était parvenue à séduire la fratrie, c'était au moins qu'elle était digne d'intérêt. Cela marcherait. Elle inspira, et gardant l'initiative, sans lâcher la main de Félixine, l'entraîna vers les portes. Elle ne poussa pas les portes, mais le regard qu'elle adressa aux portiers était assez clair. 

    Et devant la foule rassemblée, Louison fit quelques pas en avant, avant de leur adresser un salut assuré. Oui, elle se présentait main dans la main avec Félixine, mais ce n'était certainement pas pour se cacher derrière elle. Le message se devait d'être clair.

    Jeudi 14 Novembre à 22:49
    Snowy Emerald

    Batiste était en train de saluer un cousin éloigné quand l'annonceur prévint de l'arrivée de Louison et... de Félixine. Il comprenait mieux pourquoi sa sœur n'était pas avec lui et sa famille. Batiste resserra sa prise sur son verre.Sa sœur n'aurait pas dû se trouver là. C'était Louison la vedette de cette soirée. C'était elle qui devait briller de mille éclats ce soir-là. Et Félixine était en train de lui voler la vedette. Sa sœur était habillée dans une robe opulente, richement ornée la sublimant. A côté d'elle, Louison était vêtue de façon bien plus modeste.

    Le regard de Batiste s'attarda sur la silhouette de sa fiancée. Non. Finalement, Félixine ne lui volait pas du tout la vedette. Louison resplendissait dans sa robe verdoyante, taillée pour elle et étant le reflet de ce qu'elle était, un être proche de la nature. La manière dont elle avait ajouté quelques ornements, sans en rajouter de trop et sa coiffure... Louison le laissa le souffle coupé. Plus rien n'existait mis à part elle. Et c'était terrifiant. Batiste se racla la gorge et se reprit. C'était cette saleté de dryade avec un sale caractère après tout. Rien de plus. Un pion dans un échiquier du pouvoir.

    Il s'avança pour venir à sa rencontre et celle de Félixine. Les deux femmes se tenaient la main, un symbole d'unification. A qui cette amitié profitait-elle le plus ? Ou plutôt à qui profiterait-elle le plus ? Louison devenait, nécessairement, plus calculatrice, en côtoyant la cours. C'était une évidence et, même, une obligation pour survivre. Batiste espéra jusque qu'elle ne changerait pas trop... Quoique...

    Alors qu'il était presque arrivé au niveau de Louison et de Félixine, le costume qu'il portait était bien plus visible : assorti à celui de la dryade. Il avait adopté les couleurs de sa fiancée : le vert. L'expéditeur de la robe que portait Louison n'était autre que Batiste. Lorsqu'il avait vu la création, celle-ci lui avait fait, bien vite, penser à Louison. Il avait misé sur le fait que la robe lui plairait et qu'elle déciderait de la porter. Il avait ainsi fait faire, son propre costume, assorti pour témoigner de leur union. Pari gagné.

    Le prince arriva enfin devant sa promise, un sourire narquois affiché sur son visage. Elle devait enrager de le voir ainsi assorti à elle. Batiste ignora volontairement Félixine et proposa son bras à Louison.

    « Bonsoir, ma chère et tendre. Vous êtes très en beauté. »

    Vendredi 15 Novembre à 19:57
    Chyropée

    Le regard de Louison passait au travers de la foule. Depuis l'entrée, elle se tenait quelques marches plus hautes par rapport au reste des personnes présentes, et pouvait donc les observer sans peine. Elle ne savait comment interpréter les réactions. Aucun visage ne montrait l'expression d'un franc rejet, mais il fallait aussi dire que la cour était douée pour porter un masque, par delà lequel la dryade n'était pas des plus douées pour lire.

    Dans tous les cas, à partir de là, elle n'avait plus vraiment le choix de continuer dans le chemin qu'elle avait emprunté jusque là. Qu'importait ce qu'ils en pensaient. Elle ramena son regard vers Félixine, lui sourit une fois de plus, avant de la relâcher. Cette entrée faite, il était temps que la dryade retrouve son fiancé. Si, jusque là, Louison avait évité son regard, Batiste n'était pourtant pas très compliqué à remarquer. La foule s'écartait à son passage, lui qui venait la rejoindre. Bien, puisqu'il venait, la jeune femme n'allait pas faire plus d'effort que cela. Il pouvait tout aussi bien faire tout le chemin. Pendant ce temps, elle n'avait cependant pas d'autre choix que de le regarder. Qu'auraient dit les nobles en comprenant qu'elle fuyait autant que possible l'homme qu'elle était supposée, à défaut d'aimer, au moins convoiter ?

    Alors elle le regardait. Lui, et ses détails horripilants. Son sourire, son expression satisfaite. Sa coiffure trop parfaite dans laquelle elle aurait bien aimé ramener un peu de chaos, sa tenue … Mais quel connard ! Louison fit toute de suite le lien. Les teintes de verts étaient bien trop assorties pour que cela ne soit pas évident. C'était lui, la robe. Il lui avait envoyé une stupide robe, dont il devait sans doute supposer qu'elle lui ferait plaisir au vu des couleurs, et qui en plus était assortie à lui. D'abord les pots de fleurs, maintenant ça. Que cherchait il à faire ? C'était cela, la signification de son air satisfait ? Louison se maudissait. Elle avait fait le pire choix possible. Elle jeta un rapide coup d'œil à Félixine. Si elle l'avait su, elle aurait mis la rouge, qu'importe la couleur et la coupe pas du tout adaptée. Quelle idiote. Et lui, vraiment ! Ses poings s'étaient serrés, seul témoignage de la colère qui s'était éveillée en elle. Elle lui en voulait, et surtout, elle s'en voulait d'être tombé dans ce piège aussi évident. Pensait il vraiment qu'en se montrant attentionné envers elle, elle en oublierait sa barbarie ? Qu'elle en oublierait les preuves qu'elle avait contre lui, ce discours qu'elle avait entendu dans la forêt ? Qu'elle en oublierait surtout, son refus de lui donner la seule chose qu'elle demandait, la seule chose qui lui importait ?  C'était cela, son nouveau projet, séduire la dryade, pour ensuite se servir d'elle et la décrédibiliser ? Comme si elle allait tomber dedans. Elle n'était pas si stupide ! Et lui, qu'il était absurde dans ses réflexions ! Malheureusement, ce n'était pas le moment de se laisser aller à l'expression de ces pensées. Ils étaient en public, et Louison se devait de faire bonne figure. Il faisait les derniers pas pour la rejoindre, elle lui sourit. C'était encore une fois de façade, ses yeux lançaient toujours des éclairs, comme lorsqu'il avait annoncé leurs fiançailles, quelques jours auparavant.

     

    Et puis, Batiste parla. Louison en oublia presque les émotions qu'elle ressentait. Ma chère et tendre ? Vous êtes en beauté ? C'était ça, ses projets de séduction ? Ses sourcils se haussèrent, et le rire monta dans sa gorge. Quel hypocrite ! C'était ridicule, qui pensait il ainsi convaincre ? Il était dur, pour la dryade, de résister à la moquerie d'une démonstration si peu sincère. Bien vite, cela fut même impossible. Elle ramena son poing devant sa bouche, avant de laisser échapper quelques exclamations étouffés. Louison avait l'espoir de laisser passer cela pour un gloussement. Comme une poule. Comme elle avait déjà vu certaines nobles le faire, lorsque Batiste les avaient rejointes au manoir de campagne. De sa part, l'intention n'était pas vraiment la même. Mais avec un peu de chance, les nobles n'y verraient que du feu. Si Louison réussissait à s'arrêter. Elle inspira, ramena son regard vers celui de Batiste. Non, ce n'était pas une bonne idée. La tenue. Cette stupide tenue bien trop calculatrice. Sa colère de savoir qu'il l'avait ainsi manipulé. Ca, c'était un bon ancrage à la réalité. Son rire s'éteint, même si persistait sur son visage l'air niais qu'elle avait tenté de simuler. Elle laissa retomber sa main, la tendit vers Batiste. Et juste après s'être mordu la lèvre comme hésitante, la dryade lui lança un sourire mielleux.

    "Mon fiancé."

    Louison aussi savait jouer les hypocrites.

    Dimanche 17 Novembre à 19:40
    Snowy Emerald

    Félixine avait bien conscience que Louison était bien moins habillée de façon opulente qu'elle. La princesse représentait le pouvoir. Elle transpirait l'aisance et la noblesse, là où Louison était presque éclipsée. Presque... car la dryade et l'invitée d'honneur de cette soirée. Tous les nobles présents voudraient la saluer et entrer dans ses bonnes grâces. Elle était, officiellement, la promise de Batiste et leure future reine. Lui plaire était une garantie de fortune et d'une bonne place à la cours. Les jeux de pouvoirs fonctionnaient ainsi. Scrutée de toute part, Louison devait donner une bonne première image d'elle-même lors de ce bal. C'était essentiel.

    Batiste avait à peine remarqué qu'il avait fendu la foule. En d'autres circonstances, il aurait, sans doute, peut-être, hypothétiquement, pressé le pas.

    Alors que le prince attendait que sa promise accepte de lui tendre sa main, ce qu'elle ne manquerait pas de faire si elle souhaitait faire bonne impression, le sourire qu'elle lui renvoyait était un vrai masque de fausseté, trop mielleux. C'était presque agaçant de la voir sourire ainsi en sachant que c'était totalement faux.

    Enfin, Batiste se saisit de la main de sa promise et l'entraîna dans les escaliers. Le couple royale descendit lentement les marches, le rythmé étant imposé par Batiste dont le regard s'était détaché de Louison pour fixait la foule d'invités.

    « Je me doutais bien que cette robe vous plairait » lança le prince avec un ton doux, tout en sachant que Louison le prendrait comme une provocation. Et elle aurait raison. Cela en était une.

    Que du beau monde. Toutes les plus grandes familles et leurs membres les plus importants étaient présents. Quelques invitations n'avaient, toutefois, pas été envoyés afin d'éviter les scandales ou les querelles inutiles. Ainsi, bien que de sa famille, son cousin, Silas, n'avait pas été convié. Le roi et la reine s'étaient opposés à inviter un membre de la famille royale devenu un rat des bas-fonds, s'étant enrichi de manière plus que douteuse et qui osait encore porter leur si digne nom de famille. De même, d'autres nobles n'avaient pas été invité comme la reniée de la famille Blackwell ; une créature aux canines aiguisées, afin de pas contrarier les membres de la famille ducale.

    Arrivé en bas des marches, Batiste entraîna Louison vers la piste de danse. Il lui glissa à l'oreille :

    « Cessez de sourire aussi sottement. Vous en faites trop. L'art de la tromperie est à revoir, ma Loulou. »




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