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C'est cela. Parle encore.
Jeudi 21 Novembre à 23:48 Chyropée
Bien sûr, Louison ne pouvait se contenter de dissimuler ses moqueries à l'encontre de Batiste par un air ingénu. Elle se devait de jouer les fiancées, aussi frustrant que cela puisse être pour elle. Alors sitôt calmée, elle lui tendit la main, qu'il saisit en retour. Ni l'un ni l'autre n'avait vraiment le choix, c'était les usages. Puis l'homme entraîna d'un pas lent la dryade dans les escaliers, laissant ainsi aux nobles rassemblés le loisir de les admirer. Eux, et leurs tenues assorties. Si le fou rire moqueur de Louison, à la mention du fait qu'elle était chère et tendre aux yeux de Batiste, lui avait permis de passer un court instant au delà de sa colère, les regards de la foule et la remarque de son fiancé ramenèrent bien vite la dryade à la colère qu'elle avait au départ ressentie.
Le pire, c'était qu'il le savait. Il en jouait même. Ce barbare !
"Je vous emmerde."
Tout en délicatesse, un grand sourire maintenu sur ses lèvres. Louison s'était bien assurée de parler suffisamment bas pour qu'aucune des personnes présentes, en dehors de celui qui lui tenait le bras, ne puisse l'entendre. Bougeant tout juste les lèvres, au cas où l'un des nobles présents aurait tenter de deviner ce qu'elle disait selon leur mouvement. Elle n'était qu'amour. En apparence.
Louison ne pouvait offrir à Batiste le plaisir de la voir craquer. Pas en public. Elle en était persuadée, c'était ce qu'il voulait depuis le début. La décrédibiliser aux yeux de tous, afin que les menaces qu'elle avait pu proférer ne soit jamais prises au sérieux. Et c'était aussi pour cela qu'elle tentait d'agir à l'exact opposé. Elle avait besoin d'être prise au sérieux pour pouvoir un jour espérer réussir à faire de sa forêt un espace protégé. Alors, elle maintenait son sourire à l'égard des nobles présents, tout en gardant la tête bien haute. Là où elle avait pu faire preuve de spontanéité lors de la parade, les personnes qui lui faisaient désormais face jugeraient cela négativement. Elle se retenait, tout en commençant à trouver le temps long. N'auraient ils pas pu descendre plus rapidement ?
Enfin, ils atteignirent la piste. Ils allaient commencer par une danse. Ce n'était pas comme le banquet, la dernière fois après le tournoi, où ils avaient manger en premier lieu. Là, c'était un bal. Et Louison savourait, finalement, cette différence, qui lui permettait d'oublier, et surtout de faire oublier, la catastrophe qu'avait été sa première expérience des réceptions. Même si Batiste n'allait pas l'y encourager, en démontrait les quelques mots qu'il prononça. Louison ne cilla pas. Elle s'installa face à lui, prenant position pour la valse à venir. A moins que ça ne soit l'autre, la pavane. Qu'importait, elle connaissait les deux. Elle s'était entrainée pour deux. Elle plongea son regard dans celui de Batiste, bien décidée à lui montrer qu'elle ne se laissait pas faire. Qu'elle ne se laisserait jamais faire. Ni par lui, ni pas les conventions de cette cour. Et alors que la musique débutait, Louison, encore tout sourire, lui répondit sur un ton presque trop sage.
"Je vais pas vous redire ce que je vous ai déjà dit. Je le pense suffisamment fort."
Et puis elle le laissa l'entraîner sur la musique, posant simplement sa main tout contre son bras.
Ce n'était pas parfait. Cela ne faisait, après tout, qu'une semaine que Louison avait commencé à s'entrainer. Mais tout le travail qu'elle avait fourni se ressentait. Là où la dernière fois, elle était rigide comme un piquet, elle se laissait emporter dans les mouvements avec bien plus de légèreté. Sous les impulsions de Batiste, la dryade parvenait à tourner, à frôler la foule des remous de ses jupons. Et lorsqu'elle lui marcha sur le pied, ce n'était bien évidement pas un faux pas, mais un geste bien calculé que rien dans son attitude ne trahit. Elle savait exactement ce qu'elle faisait. Son regard qui ne quittait désormais plus celui de Batiste en était bien le témoin.
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