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Don't even dare threaten my wood.
Lundi 29 Janvier à 01:01 Chyropée
C'était un échec. Tout simplement. Et pourtant, Louison n'allait certainement pas céder. Elle ne pouvait le faire. Elle était allée trop loin pour cela. Alors, plutôt que de se laisser miner, elle prit le temps de songer à la suite.
Dans un premier temps, elle alla récupérer les lettres qu'elle avait semés à divers endroits du palais. Toutes, sauf deux. La première, simple provocation, était tout simplement posée dans un vase devant la chambre du barbare. Dessus, quelques mots tirés de la discussion qu'elle avait surprise dans la forêt. Pas tout. Une simple phrase, tracée d'une écriture hésitante, montrant qu'elle avait bel et bien saisi l'échange. J'ai dû tué un de ces hommes de mes propres mains. Le courrier, simplement là en guise de menace, ne contenait pas d'autres mots. Le but était de faire comprendre à Batiste qu'elle ne mentait pas, et qu'elle se tiendrait prête à ressortir ces preuves au moment opportun.
La deuxième des lettres qu'elle laissa était un peu plus risquée. Louison l'avait dissimulée dans une des salles d'entrainement du palais, au milieu d'une réserve d'armes en bois. Encore une fois, il n'y avait que des paroles. Un extrait de l'échange plus long que celui laissé à l'attention de Batiste.
- Les attaques n'ont pas abouti. J'ai dû tué un de ces hommes de mes propres mains. Je veux des résultats.
- La prochaine fois sera la bonne.
Pour celle ci, la dryade n'en savait le destinataire. Un anonyme sûrement, qui ne ferait pas remonter l'information suffisamment haut. C'était là l'objectif. Louison ne voulait pas plus. Pas encore. Si Batiste était accusé, elle ne pourrait plus se servir de lui. Mais en abandonnant ainsi le courrier, elle laissait croire qu'elle se moquait des conséquences. Qu'elle était prête à tout.Les autres, la jeune femme s'empressa de les récupérer. Celle cachée dans les armoires de Félixine en premier lieu, la plus risquée. Puis celles éparpillées dans les rayonnages de la bibliothèque ainsi que celle sous le bac à ordure des cuisines. Et enfin, celle sur la selle du roi dans les écuries, et la dernière, glissée dans le piano du boudoir de la reine. Des lieux heureusement inutilisés à cette heure de la journée.
Quant à la bourse estampillée des armoiries royales, prétendument récupérée sur le mercenaire, elle n'existait tout simplement pas. Louison l'avait inventée pour rajouter du poids à ses accusations. Malgré tout, Batiste n'avait pas contesté l'existence de celle-ci. Et cela, dans l'imaginaire de la dryade, avait bien plus de poids que les défenses qu'il avait tentés d'inventer. Cette bourse aurait bel et bien pu exister. Il le savait. Parce qu'il leur en avait donné une.
Par la suite, comme elle le supposait, les courriers abandonnés par Louison n'eurent pas de retombées. Du moins pas jusqu'à ses oreilles. Elle savait toutefois que le concerné avait conscience qu'elle avait tenu sa parole. Elle-même ne subit pas de remontrances pour les actes qu'elle venait de commettre. Sur les lieux de ses menaces, elle avait ôté les preuves de son implication. Après avoir récupéré la première des lettres, elle était repassée dans le couloir, une fois assurée que Batiste était lui aussi parti. Elle y avait récupéré les graines germées qu'elle avait jusque là laissé sous le tapis. Elle les replanta, permettant ainsi aux jeunes pousses de pouvoir pleinement s'épanouir. Elles seraient bien mieux que sous un tapis, ou à immobiliser un barbare. Quant au sang, il importait peu. Elle doutait que Batiste aille se vanter de s'être fait planter un poignard dans la main, ou plutôt des branches. Et puis, le poignard en question avait lui aussi disparu, emporté dans les nœuds d'un arbre grandissant depuis le bois de son manche.
Une semaine passa, dans le plus grand des calmes. Louison, de son côté, préparait ses prochaines actions, tout en regardant avec méfiance derrière elle. Oui, il n'y aurait pas de retombées publiques à ses actes. Il ne faisait cependant aucun doute que Batiste chercherait à se venger. De façon indirecte, vicieuse, certes. Mais il agirait. Même si cela se faisait attendre.
Jusqu'à ce jour, où tout le palais fut réuni dans la salle du trône. Louison ne fit pas immédiatement le lien. Comme elle était supposé le faire, elle accompagna Félixine, à demi dans son ombre. Elle tentait de lui lancer quelques regards interrogateurs, qui ne trouvèrent pas réponse. La noble ne devait probablement pas non plus savoir pourquoi un tel rassemblement. Les cérémonials pour le troisième frère étaient terminés, même s'il était encore pleuré par nombre de personnes. Alors, pourquoi un tel rassemblement ?
Lundi 29 Janvier à 21:42 Snowy Emerald
Comme une provocation, Batiste avait trouvé une lettre laissé par Louison juste devant sa chambre. Il en avait été furieux. La dryade jouait avec le feu. N'ayant aucune envie de se compliquer encore davantage la vie, le prince s'était mis à la recherche des autres lettres. Bien sûr, le château était bien trop grand et il n'avait pas pu le fouiller de fond en comble. Ses recherches ne donnèrent, d'ailleurs, rien. Il avait donc décidé de chercher des parades ou des échappatoires si jamais quelqu'un venait le confronter à propos des écrits laissés par Louison. Il ne savait pas la quantité de lettres que la dryade avait laissé. L'idée qu'elle en ait mis une seule, juste devant sa porte de chambre, avait éffleuré Batiste. Après tout, elle ne cherchait peut-être qu'à lui faire croire que ses menaces étaient bien réelles ?
Au fur et à mesure des jours, ne voyant aucun changement de comportement chez sa sœur, naturellement, Batiste en déduisit que Louison ne lui avait pas parlé de ses découvertes... Si on pouvait nommé cela ainsi. Louison avait faux sur toute la ligne mais le prince n'allait certainement pas tout remettre sur le dos de sa sœur. La dryade ne l'aurait pas cru et il n'avait pas de preuves tangibles ou de témoignages solide. Il ne pouvait faire qu'une chose : attendre. L'occasion de démasquer Félixine se présenterait bien un jour. Elle n'allais certainement pas s'arrêter là. Et elle n'était pas parfaite. Ses plans avaient leurs faiblesses. Batiste devait simplement trouver lesquelles en se montrant observateur et patient.
Les jours passèrent et il dû, finalement, constaté que la lettre qu'il avait trouvé n'était pas la seule. Un jeune soldat royal, fraîchement recruté, parce qu'il n'était pas le premier né de sa famille, était venu tenté de le faire chanter. Il avait été reçu avec tous les honneurs dont Batiste était capable quand quelqu'un ne lui plaisait pas. Le pauvre garçon s'était vu destitué de tout ce qu'il possédait et avait dû partir sur un navire pour l'autre bout du monde. Le prince lui avait quand même laissé la vie sauve mais il s'était assuré que ce garnement n'avait parlé à personne. Heureusement pour Louison, elle ne le croisa pas car il n'aurait, à ce moment là, pas eu une âme spécialement clémente.
Durant ce temps, Félixine et Louison avaieut un emploi du temps classique pour une princesse et sa dame de compagnie. Félixine continuait d'apprendre quelques usages de la cours à Louison afin qu'elle saisisse quelques subtilités. En contrepartie, Louison avait continué de lui apprendre à nager en cachette. Pas tous les soirs mais, il était arrivé deux fois que les jeunes femmes puissent aller nager.
Efin, le jour attendu par Batiste arriva. Il avait longuement hésité à mettre réellement sa dernière machination en œuvre. C'était un pari risqué qui pouvait lui coûter cher si Louison campaient trop longtemps sur ses positions. Fort heureusement, Batiste avait une certaine idée de comment l'amadouer. Un peu de verdure et ses nerfs devraient se calmer.
Dans la salle du trône, un bon nombre des nobles présents au château s'étaient rassemblés. Le roi avait aussi des annonces à faire concernant les traités de paix avec les royaumes et pays voisins. Il prévint également que la piraterie était en hausse et que les voix fluviale n'étaient pas les plus sûres en ce moment. Ainsi, il était préférable de prendre les routes terrestres.
Félixine écoutait chacune des annonces. En réalité, elle savait bien que le roi meublait. Ce serait la dernière annonce qui expliquerait la raison de tout ce rassemblement. Cependant, il fallait bien faire des retours sur tout un tas de choses. La disparition de Mathurion était encore fraîche mais le royaume devait continuer de tourner.
Le roi donna finalement la parole à son fils aîné. Jusqu'alors mis en retrait, Batiste s'avança pour faire face à la foule. Il vint se placer près du trône de son père, la posture droite. Il s'était assuré que son apparence était inpeccable. Il avait choisi des habits de couleur crème, constrastant avec le noir du deuil. Il allait annoncer une heureuse nouvelle après tout. Avant de prendre la parole, le prince observa l'assistance devant lui. Félixine et Louison étaient assez proches de lui. Parfait. Il n'aurait pas à fendre la foule. A sa main, la chevalière avec le blason royal éteincelait... Il l'avait mis à sa main intact. Sa seconde main, celle blessée, il la dissimulée.
« Mes chers amis. Je pleure encore la perte de mon frère. Sa disparition a laissé un grand vide dans nos cœurs. Dans mon cœur. Fort heureusement, la vie continue et il aurait souhaité que les larmes cessent rapidement. Vous avez perdu un prince. Aujourd'hui, j'aimerai vous offrir un bien particulier. En tant que prince héritier, il est de mon devoir de faire prospérer notre royaume et ma famille. Il est de mon devoir de vous apporter l'apaisement. Alors que cesse les larmes car vous allez gagnez une princesse. J'aimerai, aujourd'hui, vous annoncer mes fiançailles. Vous allez avoir une princesse vive d'esprit, au grand cœur, rayonnante de vitalité et de beauté. Elle sera faire chavirer mon cœur comme elle a fait valser le mien. »
Le prince se tut. Des murmures se firent entendre dans l'assistance. Le roi et la reine étaient surpris car ils n'avaient pas été mis au courant par le prince. Batiste s'avança vers sa sœur et Louison. La dryade ne devait certainement pas comprendre ce qui se passait. En revanche, Félxiine avait bien saisit et était crispée. Batiste s'agnouilla devant Louison, lui prenant la main et lui fit un baise-main. Il se releva rapidement avant que la dryade ne puisse réaliser ce qui était en train de se produire et il l'a fit avancer.
« Je vous présent celle qui rejoindra bientôt la famille royale et qui régnera à mes côtés : Louison Willow. »
Mardi 13 Février à 16:27 Chyropée
C'était long. C'était pénible. Pourquoi Félixine ne l'avait elle pas prévenue auparavant ? Si elle avait su que ce grand rassemblement immanquable pour la vie à la cour consistait simplement en une ribambelle d'annonces tout aussi inintéressantes les unes que les autres, Louison aurait trouvé un moyen d'y échapper. Un besoin urgent de se régénérer auprès de sa forêt par exemple. Peut-être était-ce justement pour cela que la noble ne l'avait pas prévenue.
Louison tentait comme elle le pouvait de distraire son attention. Elle faisait rouler quelques graines entre ses doigts, laissait son regard se perdre dans la foule et les quelques courtisans qui, tout comme elle, s'ennuyaient fermement. Eux auraient préféré rumeurs et potins plutôt que de telles informations sur la politique du pays. La dryade en repéra même une qui s'était endormie. Malheureusement, puisqu'elle était avec Félixine, elle ne pouvait en faire de même. Assise au premier rang, elle n'était pas vraiment dans une position discrète. Louison ne pouvait que se contenter de ses activités manuelles et observationnelles.
Ce fut seulement lorsqu'une certaine clameur et quelques applaudissements retentir que la jeune femme sortit de sa semi torpeur. C'était enfin fini ? Elle redressa la tête. Pour remarquer que c'était à présent Batiste qui parlait. Et qui s'avançait dès lors dans leur direction, à Félixine et elle, un sourire plaqué sur ses lèvres. Quel hypocrite. Louison se tourna vers sa voisine, pensant qu'elle était celle vers qui il se dirigeait. Elle avait tort. La crispation de la noble en disait bien trop long.
Et lorsque sa main fut saisie, puis embrassée par le barbare, la dryade ne put que se crisper à son tour. Que lui voulait il ? Dans l'incompréhension, elle se laissa entraîner jusqu'au trône. Et les mots qu'y prononça Batiste, entrant en résonnance avec les paroles énoncés un peu plus tôt, que Louison avait bel et bien entendu, sans les intégrer sur le moment, firent enfin sens.
Sa main s'élança avant ses pensées. Droit sur la joue de Batiste. Le claquement résonna dans la salle. Pour qui est-ce qu'il se prenait ? La jeune femme était furieuse. Mais très vite, elle se rappela des regards sur elle. Tout haine qu'elle portait au barbare, elle ne pouvait la montrer ainsi en public. Elle tourna rapidement la tête, parcourant la foule du regard, s'attardant un très court instant sur Félixine. Et elle tenta de se justifier aussitôt.
"C'est une tradition familiale. Une façon d'exprimer sa joie."
Elle fit de nouveau face à Batiste. Même si cela l'écœurait, la dryade n'avait d'autres choix que de jouer le jeu jusqu'au bout. Elle s'inclina rapidement, avant de se redresser pour le remercier.
"C'est pour moi un ... Un grand honneur. Rien ne pourrait plus combler mon cœur ... Votre Altesse."
Les derniers mots étaient presque crachés. Le barbare était pourtant le seul à pouvoir la colère qui brûlait dans son regard. Elle le lui ferait payer. Et ce, dès ce moment. Louison se saisit de sa main. Celle qu'il maintenait en retrait. Celle qui, elle le savait, quelques jours plus tôt, avait été blessée par ses soins. Et Louison savait exactement où s'étaient enfoncés ses racines. Etrangement, c'était à l'endroit où elle lui serra affectueusement cette main.
Samedi 17 Février à 19:52 Snowy Emerald
Batiste savait qu'il avait profondément heurté la dryade, la prenant au total dépourvu. Il avait imaginé les différentes réactions que Louison pourrait avoir. Cependant, le prince n'avait pas prévu qu'elle aurait le culot de lui mette une claque devant toute la cours. Elle dépassait toutes ses prédictions et ses espérances en termes d'imprévisibilité.
Félixine aussi était étonnée du geste de sa dame de compagnie. Elle ne pouvait certainement pas donner son approbation pour un tel comportement.
Une tradition familiale ? Il fallait être sot pour gober une excuse pareille. Mais elle avait eu au moins l'intelligence de très rapidement justifié son geste. La claque de Louison avait été retentissante ! Batiste avait une légère rougeur sur la joue. Il devait admettre qu'elle y avait mis du cœur ! Il ne l'avait pas volé. Il ne dit rien pour ne pas rajouter de l'eau sur le feu, souriant de manière faussement béatement. Des fiançailles... il devait être heureux et bien paraître niais.
Chaque mot qui sortait de la bouche de la dryade lui coûtait. Et c'était pour le plus grand plaisir du prince. Batiste voyait briller la colère dans son regard, en total contradiction avec ses paroles. Cependant, la dryade saisit sa main. Elle fit exprès de prendre celle qu'elle avait blessé. La garce. Batiste se mordit la joue et se força à sourire.
« Une magnifique rose. »
Batiste lui fit de nouveau un baise-main. Comme toutes les roses, Louison avait des épines. Il descendit de l'estrade avec elle, toujours en la tenant par la main. Il n'allait certainement pas lui faire le plaisir de se soustraire à cette poigne. Une fois descendu, il sorti de la poche de sa veste un écrin contenant une bague.
« Votre bague de fiançailles... ma douce. »
Batiste lui lâcha la main pour lui mettre la bague au doigt. Il s'attendait presque à ce qu'elle ait la nausée au vu de sa réaction avec la claque.
Félixine fixait son frère. Qu'avait-il en tête par cette manœuvre ? Ce n'était pas par amour qu'il venait de prendre la main de Louison. Elle se demanda si son frère avait réellement toute sa tête. Peut-être que la mort de Mathurion, leur frère cadet, avait rendu Batiste totalement instable ?
Mardi 5 Mars à 00:44 Chyropée
Par chance, le coup de sang de Louison, même s'il n'était pas vraiment passé inaperçu, n'engendra pas de trop grandes réactions. Probablement parce que Batiste lui-même ne s'en offusqua pas. Quelques exclamations de stupeur parcoururent la foule, et plusieurs gardes resserrèrent la poigne sur leur arme de service. Mais les choses se calmèrent lorsque le barbare lui fit un semblant de compliment. Il avait quelque chose derrière la tête. Qu'il essaye donc. Elle ferait cent fois pire ensuite.
Malgré tout, elle ne pouvait se permettre de réagir de nouveau dans l'immédiat. A part en serrant plus fort sa main blessée, elle était impuissante. Son geste faisait déjà trop parler. La dryade ne pouvait alors que se laisser faire devant la cour. Elle se laissa entraîner au bas de l'estrade. Et lorsque Batiste s'empara de sa main afin de glisser la bague à son doigt, elle resta muette. Quelle mascarade. Quelle hypocrisie. Ses yeux lançaient des éclairs. Contrairement à lui, elle n'arrivait à simuler physiquement un quelconque sentiment positif à son égard. Ses mots pouvaient mentir, pas son attitude. Le seul rempart pour ne pas exploser n'était alors que cette immobilité qu'elle adoptait, et les moyens qu'elle imaginait pour lui faire payer ce qu'il lui faisait actuellement subir.
Ce n'était pas tant tout le cérémoniel autour de fiançailles. Louison ne s'était jamais projetée dans un mariage. Pour elle, il n'avait toujours été question que d'une vie en solitaire dans son bosquet. Qu'importe qu'il vole des instants qui aurait pu être magique, elle n'avait jamais fondé aucun espoir sur ceux-ci. Non, le problème était lui. Tout simplement. Son poil se hérissait par sa simple présence. Et elle allait se retrouver coincé avec lui. D'autant qu'il ne pouvait agir ainsi sans avoir une idée derrière la tête. Que Louison ignorait, ce qui l'agaçait d'autant plus. Plus que cela, elle en était furieuse. Et elle n'avait qu'une hâte, que tout ce cinéma se termine, que la cour se sauve, pour qu'elle puisse laisser échapper cette hargne.
Elle n'avait qu'à tenir. Quelques instants de docilité supplémentaires. Ce serait bientôt terminé.
Mardi 5 Mars à 17:06 Snowy Emerald
La dernière chose dont Batiste avait besoin, c'était d'un scandale parce que sa fiancée, nouvellement nommée, était arrêtée pour violence sur sa personne. Au vu de son regard de tueuse, Batiste savait qu'il n'avait pas intérêt à se retrouver seul en sa compagnie. Quelque part, cela le fit sourire d'être autant une source d'agacement et de contrariété pour Louison.
Félixine félicita son frère et Louison d'un ton pincé. Des nobles, plus ou moins importants, vinrent saluer le couple pour les féliciler pour leurs fiançailles. Avec patience, Batiste remercia chacun d'eux avec une certaine sympathie qu'il affichait rarement. Il endura ce long moment.
Son annonce avait prise de cours ses parents. Ils ne commentèrent pas son choix. Du moins, pas en public. Cependant, Batiste savait qu'il allait, très probablement, suvir une longue conversation peu agréable. Il venait de prendre une décision importante sans avoir consulté personne. Une fiancée qui n'était pas noble, venant du peuple... Dame de compagnie d'une princesse... Mais elle n'avait aucun pédigré, aucun sang bleu coulant dans ses veines. Elle n'apporterait aucune richesse ou aucune alliance intéressante.
Une fois que les fécilitations furent terminés, la salle de trône s'était bien vidée. Le roi interpella son fils pour lui parler en tête à tête avec la reine. Le ton était assez tranchant mais Batiste ne semblait pas y porter la moindre attention. Pourtant, intérieurement, il n'était pas aussi calme. Tout sourire, il déclara, dans le plus grand des calmes, à ses parents qu'il es rejoignait dans quelques instants. Félixine attendait un peu plus loin Louison. Batiste jeta simplement un sourire carnassier à sa sœur. Il s'approcha suffisamment de la dryade pour lui parler sans que personne d'autre ne puisse entendre ce qu'il disait.
« Bienvenue au cœur du nid des serpents... ma petite biche sauvage, dit-il presque en gloussant.
Cependant, il prit un air vraiment sérieux par la suite :
-Si vous rêvez de vous retrouver seule avec moi pour me faire payer comme il se doit ma petite farce.... Evitez, toutefois, de vous retrouver seule avec la reine. »
Le prince partit ensuite "discuter" avec ses parents.
Félixine s'approcha de la dryade.
"Je n'étais pas au courant... Avez-vous une relation secrète avec mon frère dont j'ignorais l'existence?"
Dimanche 10 Mars à 17:28 Chyropée
Ce serait bientôt terminé. Voilà ce que la dryade se répétait en boucle alors que la foule de noble venait, tour à tour, les féliciter. Les poings serrés, Louison parvenait quelques fois à glisser un merci maladroit, très loin d'être honnête, mais dont les courtisans semblaient se satisfaire. Ce serait bientôt terminé. La salle du trône, heureusement, se vidait progressivement. Bien trop lentement au goût de la créature, mais elle n'avait d'autre choix. Et lorsqu'enfin les dernières salutations se firent entendre, Louison ne put s'empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Tout autant qu'elle détestait Batiste, ces formalités l'agaçaient prodigieusement. Heureusement, c'était terminé.
Le père de Batiste l'interpella, et Louison su qu'elle tenait enfin la possibilité de se sauver. Mais avant cela, le barbare s'adressa de nouveau à elle. Et en réponse, elle leva les yeux.
"Oh, je vous en prie. Vous êtes bien trop grossier pour être un serpent."
A son contraire, elle ne s'embarrassa pas de murmurer. Elle venait de le frapper quelques minutes plus tôt. Et les personnes qui restaient présentes dans la pièce se tenait soit suffisamment loin pour ne pas entendre, soit se doutait probablement déjà de la vérité. L'attitude de Louison avait été bien trop révélatrice, elle en était consciente.
Puis il ajouta quelques paroles, que Louison ignora simplement. Qu'importe ce qu'il lui disait, elle ne prévoyait pas d'aller voir sa mère. Pourquoi faire, si ce n'est lui donner les courriers qu'elle avait soigneusement rédiger ? Et encore, il lui était maintenant difficile de les ressortir. L'annonce de Batiste avait, elle en avait conscience, mis ses précédentes menaces de côté. Maintenant qu'elle lui était fiancée, elle risquait, en le dénonçant, de se mettre elle-même en difficulté. Ce qui n'était pas vraiment souhaitable.
La dryade se détourna, pour rapidement rejoindre Félixine. Et d'un ton bien décidé, elle reprit la parole pour lui exposer, à mi-voix, quelques demandes.
"Apprenez moi à danser. Et je veux bien que vous me remontriez la bibliothèque également, et les ouvrages sur les mœurs que vous m'aviez demander de lire à mon arrivée."
Elle se l'était promis, elle le lui ferait payer. Et pour cela, elle mettrait tout en œuvre. Parfaite en publique, destructrice en privé. Il en baverait.
Mardi 12 Mars à 21:51 Snowy Emerald
Batiste quitta la salle du trône d'un pas qui se voulait léger afin de rejoindre ses parents. Trop grossier pour être un serpent ? Voilà une formulation intéressante. Effectivement, il ne voulait pas spécialement se voir comparer à un serpent.
Une fois Batiste partit, Félixine concentra toute son attention sa dame de compagnie. La princesse eut encore l'espoir d'avoir eu une hallucination. Cependant, la bague au doigt de Louison était bien réelle. Fou à lier... Oui, son frère avait dû perdre la tête. La princesse ne voyait pas vraiment d'autre explication au geste si soudain de son frère. Elle n'avait rien vu venir !
La claque mise par Louison à Batiste était une preuve pour la princesse que la dryade ne voulait pas de cette union et qu'elle n'avait pas eu connaissance des plans de son frère. Toutefois, Félixine se demanda si la dryade n'était tout simplement pas en colère car elle aurait préféré que sa relation avec son frère reste secrète... Si relation il y avait. La princesse n'aimait pas du tout cette perspective. Elle était pourtant sûre que Louison ressentait de la colère et, pourquoi pas, une certaine haine envers son frère. Avait-elle raté un épisode ? Mal compris?Non, définitivement non. Cela était un argument de plus penchant sur le fait que son frère était en train de sombrer dans une drôle de folie.
Félixine fut surprise de la demande de sa dame ce compagnie – et accessoirement future belle-soeur- concernant le fait qu'elle ait soudainement envie d'apprendre à danser et d'étudier le protocole et l'étiquette avec passion. Peut-être que la folie de Batiste était contagieuse ?
« Cela va de soi. »
Elle n'allait certainement pas laisser Louison se ridiculer aux yeux de la cours. Tous les regards seraient braqués sur elle. En tant que dame de compagnie, certes, elle était le centre d'une certaine attention car elle gravitait autour de têtes couronnées.. Mais là, c'était une toute autre histoire, un tout autre stade. La princesse soupira.
« Par mes aïeuls, Louison ! Vous auriez dû m'avertir de votre proximité avec mon frère ! Je n'imaginais pas qu'il nourrissait à votre égard une telle passion... »
Louison n'était pas noble. S'il en avait parlé au roi et à la reine à l'avance, ces derniers n'auraient pas accepté qu'ils se fiancent. Il avait pris tout le monde de court.
Vendredi 15 Mars à 22:47 Chyropée
De multiples idées, de multiples projets tournoyaient dans la tête de la dryade. Il lui fallait y faire de l'ordre. Voir aussi ce qui était réalisable ou non. Et c'était en cela que les livres l'aideraient. Elle trouverait un moyen d'utiliser Batiste et ses stupides fiançailles, tout en détruisant sa réputation. Mais cela nécessitait qu'elle s'intéresse d'un peu plus près aux usages de la cour, ceux-là même qu'elle avait ignoré à son arrivée en ce palais.
Félixine reprit la parole, sortant ainsi Louison de ses réflexions. Celle ci redressa la tête, défronçant au passage son visage crispé par la colère. La remarque de la noble eut le mérite de la détendre un peu, voir même de l'amuser. La dryade haussa un sourcil, surprise que Félixine puisse ne serait-ce que supposer une telle chose.
"Il faut croire que je ne l'imaginais pas non plus."
De la passion ? Une certaine forme de masochisme plutôt. Louison n'oubliait pas que lors de son dernier échange aves Batiste, elle lui avait mis un couteau sous la gorge et avait transpercé sa main avec ses plantes. Nul doute qu'il n'y avait là aucune passion.
"Ou alors, ce n'est qu'une provocation supplémentaire de sa part. Il n'ira pas au bout des choses. Il va tenter de m'humilier, et ensuite, il se débarrassera de moi. Et peut-être qu'il en profitera pour souligner vos goûts déplorables en matière de dame de compagnie au passage."
Louison n'évoqua pas le fait qu'il s'agissait là d'une vengeance, qu'elle avait sûrement bien mérité. Cela aurait nécessité des explications qu'elle n'était pas prête à donner. A assumer surtout, puisqu'elle savait qu'en ayant fait cela, elle avait dépasser les limites de la légalité, ainsi que du sens moral. Qu'importe, cette affaire se réglerait entre elle et le barbare. Et, au final, lui permettrait d'avoir son bosquet.
"Mais je ne le laisserai pas faire. Faites moi confiance, et laissez moi faire."
Un léger sourire s'imprima sur Louison qui s'avança alors dans le couloir. Elle avait une idée derrière tête. Et bien plus, même. Elle s'était déjà décidé sur les premières idées. Et dès que la soirée tomberait, elle les mettrait en place.
Samedi 16 Mars à 18:02 Snowy Emerald
Félixine massa ses tempes rapidement. Décidément, ces fiançailles surprises en était une pour réellement tout le monde sauf pour Batiste. Même Louison n'avait pas été mise dans la confidence. Elle se demanda, encore une fois, ce qui avait bien pu se passer dans la tête de son frère. Il n'avait pas pris cette décision sur un coup de tête. On préméditait ce genre de choses.
La princesse n'était pas au courant des entrevues entre Louison et son frère. Elle n'avait, d'ailleurs, pas prêté une grande attention à la blessure à la main de Batiste.
A la seconde remarque de la dryade, Félixine resta perplexe et dubitative.
« Louison... je veux bien croire beaucoup de choses... Mais cela me paraît extrême. Mon frère apparécie de.. et bien, vous tourmenter, mais faire de vous sa fiancée pour ce motif ? Ce n'est pas un simple fait qui le concerne et vous. C'est une affaire du royaume, à présent. »
Cela lui coûtait de l'admettre mais Batiste ne prenait pas que de mauvaises décisions. En fait, lorsqu'on se penchait au-delà de son apparence et qu'on creusait plus, Batiste oeuvrait de manière positive pour le royaume...Mais il n'en récoltait pas la gloire et se contentait de farder une image de prince désinvolte et pourri gâté.
Il était évident que Louison ne souhaitait pas apprendre l'étiquette et le protocole pour faire une princesse modèle. Il était facile pour la princesse de deviner qu'elle allait chercher à mettre des bâtons dans les roues à Batiste.
« Je veux bien vous aider en vous apprenant à danser et vous fournir tous les ouvrages concernant les usages protocolaires. Après tout, vos faits et gestes vont être minitieusement scrutés. Faites ce que vous voulez pour embêter mon frère si cela vous chante...
La princesse croisa les bras et prit un air hautain :
-Mais attention Louison, si vos agissement nuisent à l'image de ma famille et aux intérêts du royaume, je ne pourrais pas vous le pardonner et vous laisser faire. »
Son ton n'avait jamais été aussi amicale avec Louison qu'en cet instant.
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