• I see you prowl, you liar


    Jeudi 9 Novembre 2023 à 00:52
    Chyropée

    Combien de temps était il passé depuis leur retour de la résidence secondaire ? Louison n'aurait su le dire. Dès lors qu'elle était entrée en communion avec l'arbre, elle en avait perdu le sens du temps. Cependant, à en juger par son niveau de fatigue auparavant, l'énergie magique qu'elle avait dépensé entre la semaine qui avait précédé le voyage et au détour du trajet, elle savait que cela lui avait pris du temps. Une journée pleine, au moins, peut-être deux.

    Alors qu'elle s'extirpait du saule qui lui avait servi de refuge, le crépuscule plongeait les lieux dans une semi obscurité. Ce n'était pas grave. Elle connaissait bien les lieux, c'était son bosquet. Elle fit quelques pas, caressant de sa main les arbres qui l'entouraient. Ils étaient en bonne santé. Depuis son dernier passage, sa dernière régénération, aucun chasseur n'y était passé. Heureusement. La dryade savait qu'ils y auraient fait des dégâts considérables.

    "Je suis désolée, je n'ai pas le temps de m'occuper de vous aujourd'hui. Mais je reviendrais."

    Une caresse supplémentaire, cette fois sur le tronc de son vieux chêne. Cela lui brisait le cœur d'abandonner, encore une fois, ce lieu qu'elle avait si longtemps entretenu. Mais elle n'avait pas le choix. Louison se pencha, et récupéra la robe qu'elle avait laissé trainer sur le sol. Elle était fripée par le temps passé en boule contre des racines. Qu'importe, la jeune femme la passa rapidement. Il était temps de retourner à la cour.

     

    Il y avait du chemin entre Ayrith et le bosquet de Louison, situé au cœur de la forêt de Balvière. Lorsqu'elle atteindrait le château, la nuit serait probablement bien avancée. Peut-être aurait elle dû attendre que le Soleil se lève. Non. Au palais Félixine l'attendait probablement. A chaque absence, Louison manquait à ses devoirs de demoiselle de compagnie. Et même si leur voyage au palais de campagne avait atténué sa tâche, une fois revenues à la capitale, ce n'était plus la même chose.

    D'un pas agile, à la fois rapide et silencieux, la dryade s'éloigna de ces bois si familiers, pour en revenir à des chemins plus civilisés. Ce n'étaient pas encore les grandes allées dégagées pour permettre le passage des carrosses, mais ça et là, quelques petits sentiers étaient vidés de toutes leurs herbes sauvages et racines encombrantes afin de laisser le passage à quelques promeneurs. De citadins venus passer du bon temps, quelques commerçants à la recherche de champignons, ou encore de tant honnis chasseurs. Louison n'était toutefois plus sur son territoire. Alors, même si ces interventions humaines la blessaient, la sensation restait bien moins forte que dans son bosquet. Elle savait surtout que pour cette partie là des bois, elle ne pourrait rien faire. Elle n'avait qu'une chose à faire, continuer sa marche.

    Jusqu'à ce qu'un nouvel élément surprenne la dryade, et l'incite à stopper sa progression. Là, au détour d'un des sentier, dans un coin un peu plus reculé, une voix se fit entendre. C'était inattendu. Improbable même. Pourquoi y avait-il des promeneurs à cette heure-là dans les bois ? Ce n'étaient pas des créatures sauvages, non. La ville était bien trop près pour que des congénères de la dryade s'aventurent jusque là. Il s'agissait forcément d'habitants d'Ayrith.

    Poussée par une certaine curiosité, Louison décida de s'approcher de ces voix. Elle voulait en savoir plus, entendre chacun des mots qu'ils prononçaient. Dissimulée par l'obscurité, la dryade se glissa entre deux arbres. Elle veillait à ne pas écraser la moindre brindille sur le sol. Elle voulait entendre oui, mais surtout ne pas être elle-même entendue.

    Jeudi 9 Novembre 2023 à 22:47
    Snowy Emerald

    La reine était sur les nerfs depuis leur retour da virée dans la maison secondaire de la famille royale. Deux attaques visant sa personne ! Deux! Elle était entrée dans une sorte de paranoïa et elle prenait pour cible principale la fiancée de son fils cadet. 

    Prudente, Félixine esquiva habilement sa mère et ses sautes d'humeur. Quand une personne tentait de lui parler de cette désastreuse sortie de quelques jours, Félixine avançait l'argument qu'elle ne se sentait pas d'en parler. Il était de notoriété publique qu'elle avait été prise pourchassée lors de la première attaque. Félixine se refusait d'alimenter les commérages et les langues de vipères. La princesse sortait peu de ses quartiers. Elle maîtrisait chacune de ses sorties et s'arrangeait pour qu'on ne la dérange pas. Une distance s'était installée avec la dryade. D'ailleurs, Louison disparut totalement pendant une journée. La princesse ne s'inquiéta pas. Elle se douta que cela avait quelque chose avec sa nature de dryade. Les êtres comme elle ne vivaient pas en ville. Il était rare de le croiser à la cours.

     

    De son côté, le prince Batiste était au coeur du scandal . Tout le désigner comme principal suspect pour la tentative d'assasinat de la reine. Il n'infirmait pas cela et, pire, Batiste semblait s'en jouer. Il était à la limite de la décence sans jamais dépasser la ligne rouge. Il laissait planer le doute, inspirant la crainte face à sa cruauté. En réalité, il était parfaitement étranger  à cette affaire... Mais cela, les nobles s'en fichaient. Il voulait du sensationnel et du scandal. Sans réelle preuve tangible ni témoignage, il restait innocent. Le roi croyait en l'innocence de son fils tout comme la reine. Et c'était suffisant. Tant que les souverains, accessoirement ses parents, avaient foi en sa parole, c'était le principal.

    Alors que le jour allait bientôt décliné, le prince avait quitté discrètement l'enceinte du chateau. Il avait emprunté un passage secret utilisé par son frère cadet pour aller rejoindre sa mage rousse qui avait été chassé du château. Le prince prit ensuite une monture pour se rendre en dehors de la capital. Il avait rendez-vous dans la forêt de Balvière. Le prince arriva peu avant que le Soleil ne commence à décliner. 

    Batiste avait rendez-vous avec un espion qu'il avait missionné d'enquêter sur les mercenaires qui avaient attaqué la reine. Il avait eu le sang glacé quand l'un d'eux avaient osé parlé de sa soeur. Félixine était aussi douée en manipulation que lui. Cela, Batiste le savait. Mais il ne la pensait pas machiavélique. Il avait du mal à croire que sa soeur soit le cerveau derrière cette attaque. Après tout, elle avait été aussi une victime... Mais il ne pouvait pas ignoré que ce mercenaire, avant qu'il ne le tue, dise la vérité. 

    Le prince fut le premier arrivé. Son rendez-vous arriva, cependant, quelques minutes plus tard. Batiste salua rapidement l'espion. Son visage était caché par une cape, tout comme l'espion. Bien évidemment, sa voix était reconnaissable pour toute personne la connaissant.

    "C'était un plan minutieusement préparé. Les identités des mercenaires sont encore protégées. 

    Batiste soupira.

    -Je le sais et c'est que je pensais.

     L'espion ne lui apprenait rien là. Le prince reprit.

    -Les attaques n'ont pas abouti. J'ai dû tué un de ces hommes de mes propres mains. Je veux des résultats.

    Et par "résultats", Batiste pensait en réalité aux noms des commanditaires. Etait-ce sa soeur ? Une tierce personne ? 

    -Je n'ai pas encore ce que vous désirez. Mais j'y travaille. La prochaine fois sera la bonne. 

    -Il y a intérêt pour vous ! Sinon ,je cesse vous rémunérer ! " gronda le prince. 

    Quelques secondes plus tard, l'espion partit, laissant Batiste seul ... Enfin, pas si seul car sa conversation avait été surprise par une certaine dryade avec laquelle Batiste s'entend à merveille. 

     

    Vendredi 24 Novembre 2023 à 15:14
    Chyropée

    Arrivée à une certaine distance des inconnus, Louison s'arrêta. Elle pouvait désormais les entendre clairement, tout en restant certaine de sa propre discrétion. Ils étaient deux. Toutefois, entre la distance, l'obscurité et les capes qui les dissimulaient, la dryade ne pouvait avoir aucun indice physique sur leurs identités. Le premier semblait toutefois être un homme. Sa voix grave résonnait alors qu'il évoquait des mercenaires. Louison pu l'affirmer, elle ne le connaissait pas.

    La voix du second intervenant s'éleva ensuite. Alors là ! Louison retint tout juste un ricanement, prise entre étonnement et jugement mauvais. C'était le barbare. Evidement. Qui d'autre que lui pour ainsi fouiner et comploter en pleine nuit ? Elle tendit un peu plus l'oreille, d'autant plus intéressée par le contenu de leur discours. Elle se demandait ce que cet affreux personnage pouvait encore mijoter.

    Mais au fur et à mesure de l'échange, la dryade sentit son sang se glacer. "Les attaques." "Tuer." "La prochaine fois sera la bonne." Il ne fallut pas longtemps à son esprit pour faire le lien. D'autant plus que dans ses pensées persistaient encore les paroles de Félixine. "Je ne serais pas étonnée si Batiste était le commanditaire de l'attaque." Si même sa sœur le soupçonnait, alors qu'elle n'avait rien entendu de ce qui s'était dit entre les deux hommes, comment Louison pouvait elle en faire abstraction ?

    Quelques paroles supplémentaires, et la discussion entre les deux hommes s'arrêta. Rien de ce qu'ils avaient pu dire ne confirmaient entièrement la chose, mais il y avait tellement d'indices qui mettaient les choses en exergue. Les faits étaient là. Batiste avait tenté d'assassiner sa propre mère. Deux fois. Et il s'apprêtait à le refaire une troisième. Louison resta immobile, stupéfaite.

    Sous ses yeux, l'un des deux hommes partit, prouvant bel et bien que leur échange avait été mené à terme. Elle ne bougea toujours pas. Heureusement pour elle, il n'y avait presque aucune chance que les hommes viennent en sa direction. Elle se trouvait au nord, la ville était au sud. En se dirigeant vers Louison, il y avait seulement accès aux profondeurs de la forêt de Balvière. Les endroits les plus sauvages, où même les chemins étaient peu nombreux. Si en journée, il arrivait à certains de s'y aventurer, en pleine nuit, ce n'était pas raisonnable.

    Louison, pour sa part resta longuement à sa place, incapable de bouger. Ces informations qu'elle venait de surprendre la laissait tout simplement coi. Certes, elle considérait Batiste comme un barbare, mais de là à penser qu'il pouvait organiser l'assassinat de sa propre mère. S'en était trop. Et que faire d'une telle information ? Louison savait qu'en la partageant, cela aurait de bien trop nombreuses conséquences. Ce n'était sûrement pas le bon moment. 

    Elle attendit encore un long moment, jusqu'à être sûre qu'aucun des deux hommes ne puissent surprendre son retour au palais. Une chose était sûre, elle n'était pas prête à faire face à cette information pour le moment. Elle préférait la remiser dans un coin de son esprit, pour lorsqu'elle serait un peu plus prête afin de la traiter.

    Au petit matin, elle était de retour dans le plus grand bâtiment de la capitale, prête à aider, comme elle le devait, Félixine dans ses tâches quotidiennes. Et autant que possible, elle tentait de faire abstraction de l'information qu'elle avait surprise. Ce serait pour un autre jour.

    Dimanche 26 Novembre 2023 à 11:34
    Snowy Emerald

    Batiste n'avait aucune idée que son échange avait son espion avait été entendu... Et encore moins par la dryade qui avait reconnu le son de sa voix. Il était agacé que ses recherches n'aboutissent pas. Il avait d'autres chats à fouetter. C'était pourtant sa plus grande préoccupation. 

    Sa mère était devenue paranoïaque depuis ces attaques. Elle extériorisé cela en faisant ressortir ses pires côtés... Aucun des membres de leur famille ne subissaient son courroux car elle avait décidé de passer ses nerfs sur sa future belle-fille... La fiancée de Mathurion. Batiste s'était déjà arrangé pour éloigner de la cours une personne chère au coeur de Mathurion. Il avait dû, encore une fois, passer pour le méchant de l'histoire mais ce rôle lui convenait. Au moins, il était crain et, quand la couronne lui reviendrait, on y penserait à deux fois avant de le contester. 

    Une fois de retour au château, Batiste avait repris le cours de sa vie, entre réunions lassantes, leçons de combat et d'Histoire ainsi que de diplomatie... Mathurion était venu le trouver pour lui faire part des horreurs que la reine faisaient subir à sa fiancée. Il n'allait pas intervenir. Ce n'était pas son rôle. Mais il pouvait être une oreille pour son frère... Qui avait encore une fois un plan en grande pompe et qui allait le mettre dans une situation compliquée. Bientôt, Mathurion disparaîtrait du paysage de la couronne... Et Batiste deviendrait l'unique héritier de sa famille... Enfin de la branche principale... S'il lui arrivait quelque chose, la couronne reviendrait à son cousin, Silas. A cette pensée, Batiste eut un petit sourire ironique, couronné le plus grand proxénète du royaume en tant que roi ! Batiste n'avait aucune nouvelle directe de son cousin. Ils ne se parlaient plus mais le prince avait pour certitude que la couronne et le titre de roi n'étaient pas dans les objectifs du paria royal. Cependant, quand ce stupide Mathurion aurait mis son plan en oeuvre et qu'on le croirait mort... Est-ce que les ambitions de son cousin changeraient ? C'était une préoccupation supplémentaire pour le prince.

    Mais son plus gros problème était Félixine. Etait-elle réellement celle qui avait commandité le meurtre de la reine? Il préféra rester loin de sa soeur quelques temps, ne la croisant que par pure nécessité. Inutile de devenir sa cible. 

    Quelques jours après la discussion qu'il avait eu avec son espion, le né dans les comptes du port royal, Batiste marchait dans un couloir. Au détour d'un croisement, il percuta une personne. Le prince leva le nez de son document pour se retrouver face à deux bois... une chevelure verte... Il l'avait oublié, au travers de ses tourments, Louison, la dryade. 

    "J'avais presque oublié votre présence horripilante au sein des murs de ce château", déclara-t-il d'une voix traînante et las. 

    Il se rappela la dernière fois qu'il l'avait vu dans l'eau du lac... Il avait presque laissé tombé son masque pour n'être plus que lui. 

    Il scurta autour d'eux, cherchant sa soeur... qui n'était pas là. 

    "Vous ne devriez pas être auprès de ma chère soeur?"

     

    Vendredi 8 Décembre 2023 à 21:33
    Chyropée

    Ce fut au détour d'un couloir que Louison recroisa, plusieurs jours après, le barbare. Elle s'en serait bien passé. Malgré tout, elle ne pouvait pas, cette fois ci, le lui reprocher. Pas totalement du moins. Car lorsque l'un rentra dans l'autre, ils étaient, il fallait bien l'admettre, tous deux responsables. Le barbare bien plus préoccupé par la pile de paperasse qu'il tenait dans les bras, la dryade, elle, tournant bien trop rapidement de l'angle du couloir pour pouvoir éviter le choc.

    Ce fut cependant lui qui lança les hostilités. Louison, elle, se serait contentée de passer sa route. Mais lorsqu'on la provoquait, elle était incapable de résister, et se saisissait de la branche sans aucune hésitation. Elle laissa tout d'abord, suite aux mots de Batiste, échapper un ricanement. Cela donnait déjà le ton de sa réponse à venir. Puis, d'un ton acerbe, elle rétorqua.

    "Vous en avez de la chance. Personnellement, j'aurais bien aimé vous oublier également. Mais vous êtes clairement trop bruyant."

     

    Au contraire, même si elle ne l'aurait jamais avoué, la vérité était même que Batiste occupait surtout une grande partie de ses pensées. Tournaient sans cesse dans son esprit les paroles qu'elle avait entendu quelques jours auparavant dans la forêt. Elle ne savait qu'en faire, et cela la perturbait d'autant plus.

    Elle se disait que finalement, tout cela n'était pas de son ressort. Oui, Batiste tentait de tuer sa propre mère. Et bien donc ? A part confirmer qu'il était bien un barbare, cette information ne concernait en rien Louison. La mère des jumeaux n'avait pas d'autorité sur la seule chose qui intéressait la dryade, à savoir son bosquet. Que lui importait son sort. Et la demoiselle aux cheveux verts de son côté, avait pris une autre résolution ; ne pas se mêler des affaires de cour. Plus elle se tenait loin des vipères et de leurs cancans, mieux elle se portait. La seule réelle implication pour la dryade était vis à vis de Félixine. Malgré tout, elle ne lui en avait pas fait part. Elle avait la sensation que cela devait lui rester propre, et qu'elle aurait un jour l'occasion de bien mieux utiliser cette information qu'en la partageant à tort et à travers.

    Alors que Batiste reprenait la parole, Louison le toisa quelques secondes. Elle aurait pu lui répondre simplement. Elle n'en avait pas envie. Il ne le méritait pas.

    "Parce que cela vous intéresse ?"

    Elle marqua une pause.

    "Ah, je sais. C'est parce que si je suis trop loin d'elle, vous comptez me le faire payer, c'est bien ça ? Faire semblant d'avoir l'autorité dont votre sœur vous avait privé en me libérant, reprendre votre dû, en quelque sorte ?"

    Elle leva les yeux au ciel. Si c'était possible, elle était là encore plus amère et invective qu'à son habitude. Puis, sur ces mots, elle tenta de contourner le jeune homme. Elle n'avait pas de temps à perdre avec un barbare de sa tempe.

    Samedi 9 Décembre 2023 à 00:12
    Snowy Emerald

    Être aussi détestable que possible était devenu un art pour le prince qui utilisait les mots et les gestes pour être véritablement infect. Il avait une foule de soucis à régler ces derniers temps et la dryade lui offrait enfin une occasion de se distraire sur un ton plus léger. 

    Bien sûr, il ne pouvait pas savoir qu'elle avait entendu une certaine conversation qu'il avait eu avec l'un de ses espions. 

    "Si je suis bruyant, c'est parce que je brille par ma présence, sourit-il de manière arrogante. 

    En l'observant attentivement, le prince constata qu'elle paraissait tourmentée. Quelque chose devait occuper ses pensées. Cela ne devait avoir aucun lien avec lui. Pourquoi aurait-elle des problèmes le concernant ? Outre le fait qu'il soit un parfait connard à chaque fois qu'il la voyait. Au vu des dernières paroles de Louison, c'était tout à faire ce qu'elle pensait de lui. Et son avis était fixe sur lui. Batiste pourrait remuer ciel et terre, il n'était pas sûr qu'elle le trouve plus sympathique. 

    Batiste lâcha d'une main sa pile de documents pour lui attraper le bras. Le prince la coinça contre le mur et la pile de documents qu'il tenait.

    -Et quel devrait être mon dû ? "demanda le prince suavement. 

    Il sentit l'odeur émanant de la dryade. Elle sentait la forêt après de la pluie, nimbée de Soleil... et les fleurs. Cette odeur troubla le prince. 

    Il s'éloigna avant que Louison ait l'excellente idée de lui donner un coup, notamment un bien méchant coup de pied. 

    "Ecoutez, Louison... J'ai d'autres préoccupations que de me disputer avec vous. Bien que cela égaille toujours mes journées.

    Et c'était vrai. C'était toujours divertissant.  Le prince soupira.

    - Je ne vous aurais pas tué."

    La fois où il l'avait condamnée à mort. Batiste aurait trouvé une combine. Il aurait fait régner la peur avec cette condamnation.. Pourtant, il n'aurait pas été jusqu'au bout. Louison n'était pas méritante d'un tel châtiment. Et il le savait. 

    De la pile de documents du prince héritier était tombé une lettre portant le sceau royal. Elle était signée de la main de Batiste et il voulait la poster dans les plus brefs délais. Enfin, il voulait surtout qu'elle parvienne le plus vite possible à son destinataire : Silas Kingsland. 

     Mathurion était partit hier et avait dû prendre la mer ce matin. Ce n'était plus qu'une question de jours avant que le prince ne se fasse passer pour mort. Si des personnes pensaient qu'il était le commanditaire des attaques contre le reine, la disparition de Mathurion ne serait pas un accident maritime pour certains. On le soupçonnerait encore. Mais il n'était pas le responsable et personne n'avait aucune preuve. Les gens réfléchiront, à tord... et d'autres noms pourraient ressortir. Le roi de la luxure du royaume pourrait voir son nom mêler à cette histoire... Batiste n'était même pas sûr que son cousin soit au courant des tentatives d'assassinat contre la reine. Cependant, le prince devait s'assurer que son cousin n'avait aucune prétention pour le trône... Et la moindre des choses était de le prévenir que les prochains mois risquaient d'être tempétueux. C'est pour cela qu'il lui proposait une rencontre à la capitale. 

    "Voulez-vous bien ramassé la lettre que j'ai fait tomber?"

    Pour le prince, Louison ne savait pas lire de toute façon.

    Samedi 6 Janvier à 14:08
    Chyropée

    Quoiqu'il dise, Louison le toisait. Une certaine forme de dédain se lisait continuellement dans son regard. Elle ne pouvait rien entendre de son discours, car l'idée qu'elle s'était faite de lui dépassait toutes ses paroles. Qu'importe qu'il tente de se justifier, elle ne voyait que l'homme dont elle s'était façonné une image. Un barbare, un traître. Il ne faisait aucun doute que ses mots n'étaient qu'un savant mélange de provocations et de mensonges. La dryade n'aurait su dire se qu'il cherchait vraiment. Peut-être à s'amuser, oui, à se jouer d'elle pour obtenir une quelconque distraction temporaire, entre deux assassinats.

    "Ah, parce que vous pensez aussi être le seul à avoir des préoccupations ? Je vous l'ai déjà dit l'autre fois au lac. On peut très bien faire comme si l'autre n'existait pas, et la vie nous serait à tous deux bien plus simple."

    Elle crachait ses mots tels du venin. Peut-être même plus que d'habitude, écœurée comme elle l'était de part la discussion surprise dans la forêt. Elle ne prenait même pas la peine de répondre aux restes de ses paroles. Il avait surement compris, au vu de ses paroles suivantes, que son prétendu dû était la vie de Louison, sur laquelle il pensait probablement avoir un droit, comme sur toutes celles des âmes vivants dans ce royaume. Et la suite, ce n'était même pas la peine d'en parler. Un énième mensonge, évidemment. Il traversa l'esprit de Louison, et s'en échappa aussitôt.

    Tout ce qu'elle souhaitait, c'était poursuivre sa route. Sauf qu'une nouvelle fois, il l'interpella.

    Louison jeta un bref regard à l'enveloppe qui trainait encore sur le sol. Silas Kingsland. Elle ne le connaissait pas celui là. Et n'avait certainement pas envie de le connaître, au vu du nombre, bien trop conséquent, de membres de cette famille parmi son entourage. Des Kingsland, elle acceptait tout juste Félixine et pouvait tolérer ceux dont elle ne croisait que peu la route. Elle redressa ses yeux vers Batiste, haussa un unique sourcil, d'un air presque incrédule.

    "Et puis quoi encore ? Je ne suis pas votre domestique."

    Elle aurait pu le faire. Ce n'était pas un ordre qu'il lui demandait, mais un service. Pour n'importe qui d'autre, elle l'aurait sûrement fait. Pas pour lui. D'autant plus que l'unique raison pour laquelle elle se tenait plus proche du courrier était qu'il s'était éloigné. Qu'il l'assume.

    A la place, elle contourna simplement la lettre, sans toutefois l'écraser. Elle y avait pensé, elle se devait de l'admettre. Mais il valait mieux, elle en avait bien conscience, s'en abstenir. De son point de vue, il y avait une fine limite à l'énervement qu'elle pouvait susciter chez Batiste. Une limite qu'elle avait déjà franchie une fois, ce qui s'était avéré suffisant. Quoiqu'il en dise, elle ne le croyait pas, persuadée qu'il aurait mis sa sentence à exécution. Et elle savait que sur un coup de sang, il le referait, qu'elle soit ou non sous la pression de Félixine.

    Elle se détourna alors, et reprit, sans un regard en arrière, son avancée dans le couloir.




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