Bal masqué et alliance commerciale [TW !]

Roxane s'était enfermée dans le travail. C'était la seule solution qu'elle avait trouvé pour oublier Silas de manière convenable. Elle n'allait pas se jeter dans les bras du premier venu en quête d'affection et d'amour. Roxane avait donc travaillé, travaillé et encore travaillé. Elle avait utilisé ses illusions aux profits de la création de bijoux. Elle avait fait en sorte d'étendre son réseau et de se faire connaître. Et cela avait fonctionné. Aucune nouvelle rencontre ne lui fit tourner la tête et ne provoqua un coup de cœur. La vampire n'avait pas envie de partager sa vie. Son expérience ratée avec Silas et son rejet constant l'avait refroidie. Roxane s'était dit qu'elle n'accepterait de se lier à un homme que dans deux cas : soit un coup de foudre soit, en dépit de tout, un mariage arrangeant ses affaires car, il lui devenait difficile de s'étendre en étant une femme célibataire. En attendant, travail, travail et travail.

Quelques mois après son anniversaire, Roxane avait acquis une petite notoriété. Elle était parfois appelé ailleurs qu'à Everton. Lorsqu'elle devait se déplacer, Roxane ne logeait jamais dans un hôtel. Elle savait que les lits étaient plus confortables et moelleux dans les maisons closes de Silas. Ses bordels de luxe offraient un confort sans égale. Et il y avait une seconde raison pour les choisir : les livrets de suivis. Roxane indiquait son nom, laissant une trace de son passage. Si elle se trouvait dans la même ville que Silas, il le verrait aussitôt en consultant le registre de ses bordels. Il pourrait ainsi faire en sorte de ne pas la croiser. Elle tentait, d'une certaine manière, de lui facilité cette tâche.

Toutefois, ce voyage d'affaires là était différent. Roxane se rendait à Ayrith, la capitale. Elle logerait chez Lucinda Kravitz, une veuve extravagante avec une grande fortune. Elle avait demandé à Roxane un bijou de corps et la vampire lui avait fait un modèle. Elle avait été ravi et lui avait demandé d'autres bijoux. Elle voulait notamment une parure pour un bal masqué qu'elle organisait. Ravie du travail de Roxane, Lucinda l'avait invité à la capitale pour cet événement. Elle avait convaincu la vampire lorsqu'elle lui avait fait part d'une de ses connaissances qui serait sans doute intéressait par certains de ses modèles de bijoux. Et, conformément à ses nouveaux principes de vie, à savoir, le travail avant tout, Roxane avait accepté. Elle n'allait pas manqué cette opportunité.

La vampire était arrivée à Ayrith quelques jours avant le bal. Lucinda l'avait logé durant ce temps. Roxane avait préparé sa tenue pour le bal et son masque. Elle avait aussi dessiné des modèles de bijoux. Lucinda lui avait indiqué que l'acheteur serait sans doute intéressait par des bijoux de corps. Roxane avait bien tenté d'obtenir le nom de cette personne mais Lucinda avait refusé de le lui donner.

Le soir du bal, Roxane était parmi les premiers invités, sans surprise, puisqu'elle était logée par l'hôte de la soirée. Elle portait une robe bustier bleu nuit parsemée de perles ressemblant à des constellation d'étoiles. En tant que masque, elle portait un loup vénitien en argent, serti de perles, qu'elle avait confectionné elle-même. Dans la pénombre, ses yeux ambrés ne ressortaient pas. Ses cheveux étaient relevés en un chignon complexe, dévoilant sa nuque et son cou, dont quelques boucles venaient s'échapper.

Elle regardait la salle de réception se remplir. Elle patientait avant de rencontrer le mystérieux potentiel commercial promis par Lucinda. La rencontre devait avoir lieu ce soir. Roxane gravitait autour des petit-fours et se permis de boire une coupe d'alcool. Elle ne tenait pas spécialement l'alcool alors elle se restreint de ce côté là.

La vampire discuta, de temps en temps, avec des invités. Elle fut étonnée de se faire inviter à danser. Elle ne refusa pas les danses, se laissant entraîner sur la piste, elle évolua gracieusement. Sa tenue évoquait le mystère et, avec le masque, Roxane se sentait plus assurée.

Alors qu'elle avait accepté une troisième danse et qu'elle était en train de tournoyer, le monde se figea autour de Roxane. Elle avait aperçu un homme, élégant, grand, la carrure droite.. Il n'était que de dos... Elle ne voyait pas son visage, et de toute façon, il devait porter un masque, comme tous les autres invités. Son cœur se mit à tambouriner furieusement et elle eut l'impression que le monde se mettait à fonctionner au ralenti, que le ciel venait de lui tomber sur la tête et qu'elle allait chanceler d'un instant à l'autre, prise de vertige. Un coup de foudre.

A la fin de la danse, Roxane se mit à rechercher du regard cet inconnu qu'elle avait aperçu. Roxane n'avait pas cru qu'elle pourrait ressentir des émotions aussi fortes rien qu'en voyant un homme -autre que Silas- et pourtant... cela venait de se produire.

Ce n'était pas une nouveauté, Silas détestait les bals. Et ce, d'autant plus que lorsqu'ils étaient organisés par des nobles, fréquentés par des nobles, ou quoi que ce soit d'autre qui soit un tant soit peu en rapport avec sa classe sociale d'origine. Mais parfois, il n'avait d'autre choix que d'y assister.

C'était le cas, ce jour là. Lucinda Kravitz était une cliente fidèle. Une ou deux fois par semaine, elle se rendait des l'un de ses établissements. Elle avait quelques favoris parmi son personnel, même si elle était toujours ouverte à la nouveauté des visages inconnus. Parfois, elle demandait à Silas qu'il lui accorde la possibilité d'embaucher quelques uns de ces fameux favoris, afin qu'ils viennent en tant qu'extras aux soirées qu'elle organisait régulièrement. Toutefois, pour le bal qui allait avoir lieu ce soir là, la situation étaient différente. La dame, cette fois, n'était pas venue voir Silas pour lui demander les services des prostitués. 

Grand sourire, elle s'était avancée dans son bureau, une invitation pour le bal à la main. C'était étonnant, elle savait pourtant que le proxénète n'y répondait qu'exceptionnellement par l'affirmative. Et, puis elle s'était expliquée. Elle venait de faire une découverte FOR-MI-DABLE !, selon ses mots. Une personne talentueuse, qui pourrait REVOLUTIONNER l'industrie de Silas. Le proxénète savait qu'elle en faisait bien trop. Toutefois, il savait aussi que derrière cette extravagance, lady Kravitz restait une cliente expérimentée. Connaisseuse à sa manière. Ses idées pouvaient avoir du bon, et la rencontre qu'elle lui promettait d'organiser n'était, en ce sens, pas à négliger. Et bien qu'il aurait aimé en savoir plus, il céda au caprice de la femme qui voulait tenir son idée surprise le plus longtemps possible. 

Ensemble, ils avaient convenus que la rencontre entre Silas et son potentiel futur prestataire de service aurait lieu en deuxième partie de soirée. Silas, parce qu'il procédait souvent ainsi, l'alcool déjà consommé aidant aux négociations et accords. La femme, parce qu'elle savait que si tôt l'accord fait, Silas retournerait à ses affaires ; et si elle pouvait se vanter d'avoir retenu un invité aussi prestigieux que Silas -c'était un prince !-, elle ne s'en priverait pas. Qu'importe qu'un masque dissimule son visage, il y aurait bien quelques nobles pour le reconnaître.

Mais en attendant que cette rencontre ait lieu, le temps semblait bien loin à Silas. Bien évidemment, il ne participait pas aux festivités. Pas directement. Il échangea bien quelques politesses de convenance avec quelques invités, et notamment la maitresse de maison, mais, après avoir passé ce qu'il jugeait être un temps raisonnable dans la salle de réception, il se détourna enfin en direction du balcon. Ce fut là qu'il croisa son regard. Encore.

Ce n'était pas la première fois qu'il surprenait le regard de la jeune femme sur lui. Et en si peu de temps, cela ne pouvait être une coïncidence. L'avait elle reconnue, derrière le masque blanc qui couvrait l'entièreté de son visage ? Peut-être. Qu'importe. Silas n'était là que pour faire affaires. Quelques secondes durant, il maintint son regard dans celui de la jeune femme. Une manière de lui faire comprendre que ses agissements, ses regards répétés, ne lui étaient pas passé inaperçus. Il l'avait repéré. Il se disait que si c'était bel et bien la curiosité de reconnaître le proxénète en ces lieux qui l'avait animé, savoir qu'il l'avait lui aussi remarquée la ferait s'arrêter. Silas n'avait pas particulièrement envie d'être l'attention des curieux qui s'étonnaient de le voir en ces lieux. Puis il reprit son avancée. 

Roxane jeta un œil à la grande horloge de la salle de réception. Lucinda Kravitz l'avait prévenu que la rencontre avec un potentiel collaborateur aurait lieu assez tard, dans la seconde partie de la soirée. Roxane n'avait émis aucune objection même si elle aurait préféré que la rencontre se fasse en début de soirée.

Elle se frayait un chemin dans la foule, à la recherche de l'inconnu qu'elle avait aperçu. Elle ne pouvait pas le laisser s'échapper car il constituait une preuve irréfutable qu'elle avait tourné la page. La vampire savait qu'elle n'était pas éprise de cet homme. Elle ne savait rien de lui. Ce n'était que physique. Une décharge qui l'avait traversé et lui avait retourné le cœur. Mais c'était une preuve suffisante pour Roxane. Elle était capable d'éprouver de l'attirance pour un autre homme que Silas.

Pour la seconde fois, la vampire croisa le regard de cet inconnu. Il allait en direction des balcons. Elle ne pouvait distinguer que son regard derrière un masque blanc qui lui couvrait tout le visage. Elle ne détourna pas les yeux et le temps lui sembla ralentir une seconde fois. Ce n'était pas une coïncidence, il l'avait remarqué. Mais cet inconnu ne vint pas vers elle puisqu'il finit par se détourner, reprenant son chemin vers les balcons. Ironiquement, les tons de son costume étaient accordés avec ceux de la robe de Roxane. La vampire était perplexe. Comment interpréter cela ? Bien qu'il l'ait repéré, il n'avait pas fait un seul pas vers elle. Est-ce que cela signifiait qu'il n'en avait rien à faire ? Est-ce que le fait qu'il soit allé vers les balcons après leur échange de regards était une sorte d'invitation à le suivre ? Il se pourrait bien que cet homme soit fiancé ou marié... Marié, non, sinon, il aurait été au bras de son épouse.

Roxane jeta un nouveau regard vers la grande horloge. Elle avait encore du temps avant d'entendre cette dernière sonner et de devoir aller chercher ses modèles de bijoux dans la chambre qu'elle occupait avant d'aller rejoindre son potentiel futur collaborateur.

Attrapant, sur un plateau, deux verres, la vampire prit la direction empruntée par l'homme. Elle ne pouvait pas laisser filer sa preuve. Sloane serait fière du bon en avant qu'elle aurait fait quand elle rentrerait à Everton. D'ailleurs... Roxane envisageait sérieusement à venir s'installer à la capitale pour les avantages économiques. Everton était trop éloigné si elle voulait saisir le plus d'opportunités possibles.

Il n'y avait pas d'éclairage sur les balcons. La seule luminosité provenait de la salle de bal. Roxane n'eut aucun mal à s'habituer à la pénombre, grâce à sa nature de vampire. Elle repéra facilement l'inconnu au masque blanc et, d'un pas déterminé, elle s'avança vers lui.

Soudain, elle percuta, trop tard, car elle se trouvait à côté de cet homme, qu'elle n'avait pas réfléchi à ce qu'elle allait lui dire. Elle ne pouvait pas lui déclarer qu'elle l'avait vu et qu'elle avait eu un véritable coup de foudre pour lui, au point de le suivre jusqu'ici. C'était grotesque et ridicule.

« Bonsoir, le salua-t-elle simplement. Je..., commença la vampire avec hésitation, avant de reprendre avec plus d'aplomb, je vous ai vu vous rendre ici. J'ai pensé que vous souhaitiez vous rafraîchir. Un verre ? »

Elle lui tendit un des deux verres. Finalement, se noyer dans sa coupe lui semblait une bonne option.

L'air frais avait quelque chose de revigorant. Pour Silas, c'était l'occasion de faire le vide dans sa tête. Oublier, l'espace d'un instant, les musiques qui s'enchainaient derrière lui, les commérages et les trop grandes manières. Il ferma les yeux. Inspira longuement.

Puis les rouvrit, alors qu'un froissement de jupons se faisait entendre non loin de lui. Un quart de seconde durant, il tourna la tête en direction de l'inconnue, afin de confirmer ce qu'il suspectait déjà. C'était bel et bien celle qui l'avait déjà observé à l'intérieur. Soit elle n'avait pas compris son message, soit elle n'était pas une curieuse qui l'avait reconnu. Qu'importe, Silas ferait avec. Si tôt cette constatation faite, il ramena son regard vers l'horizon obscur. Il n'allait tout de même pas lui faciliter la tâche qu'elle s'était s'en doute fixée en l'accueillant tout sourire, alors qu'elle troublait son moment de quiétude.

Quelques secondes supplémentaires furent nécessaires pour que la demoiselle prenne enfin la parole. La voix lui était familière. Ce n'était pas si étonnant. Sous le masque se trouvait une noble, qui venait probablement à la capital. Puisque l'homme avait grandit à la cour, il ne s'attarda pas sur ce détail. Ce qui retint plutôt son attention fut la manière dont elle s'était reprise. Elle doutait, mais elle prenait sur elle afin de pouvoir venir aborder le proxénète. Elle était sans doute intimidée. De nouveau, cela le fit se questionner sur la possibilité qu'elle l'ait reconnu.

En un sens, cela l'amusait. Et pour cela, il se décida à lui laisser sa chance. Il était prêt à jouer un peu. Ce serait un autre moyen de le distraire de cette soirée non souhaitée.

"Merci"

Silas se saisit du verre. D'un mouvement de poignet, il en fit tourner le contenu à l'intérieur. C'était le champagne que les serveurs offraient aux invités. Le proxénète le boirait peut-être plus tard. Il n'oubliait pas qu'il était avant tout là pour les affaires, quelque soit la manière dont il se divertirait entre temps.

Sans quitter l'horizon des yeux, il reprit la parole. Une pointe de taquinerie perçait sa voix. Premier test. Silas se doutait du jeu de la demoiselle. Voyons comment elle même y réagissait.

"Mais, si je peux me permettre, qu'est-ce qui a bien pu vous faire penser cela ?"

La vampire se détendit un peu lorsqu'il prit le verre. Elle observa l'homme inspecter le champagne. Elle nota qu'il ne prit pas la peine de le boire, contrairement à elle qui prit une bonne gorgée. Ce n'était que son second verre et le champagne n'était pas un alcool fort. Elle ne risquait pas d'avoir la tête qui tournait pour si peu.

Dans l'obscurité, les autres sens que la vue étaient sollicité davantage. Elle étendit l'intonation taquine de la voix de l'inconnu lorsqu'il posa sa question. Voyait-il cette conversation comme un jeu ? Pour Roxane, cela n'en était pas un. Elle ne rigolait pas avec les histoires de cœur. Mais dans ce cas, pouvait-elle réellement parler de « cœur » ? Ce n'était qu'une attirance physique. D'ailleurs, n'avait-elle déjà pas entendu cette voix quelque part ? C'était possible. Roxane avait assisté à de nombreux événements mondains et avait grandi avec des nobles avant d'être renié... Elle avait pu rencontrer cet homme par le passé sans qu'il n'éveille le moindre intérêt pour elle.

Selon la vampire, il y avait trois options : soit il avait, effectivement, voulu se rafraîchir, soit il en avait eu assez de la réception et était venu ici pour échapper, en quelque sorte, aux réjouissances, soit il était venu là après avoir capté son regard pour qu'elle le suive. Roxane écarta immédiatement la dernière hypothèse. Il avait prit le chemin du balcon avant de croiser son regard. Il ne restait donc que deux possibilités. Roxane avait simplement dit ce qui lui était passé par la tête pour engager la conversation. Elle n'était pas une femme qui savait y faire avec la drague. Elle n'abordait pas les gens, en temps normal... et surtout pas pour les draguer. L'option qu'il ait voulu simplement s'écarter du monde et de la réception ne l'arrangeait pas alors il ne lui avait resté que la première possibilité, en somme. Roxane tenta de se remémorer les conseils de Sloane en matière de drague.... Cependant, la vampire ne l'avait jamais réellement écouté, certaine qu'elle n'aurait pas à mettre en place de telles manœuvres. Peut-être qu'elle aurait dû être plus attentive ? Roxane se rappelait que Sloane lui avait dit que, des fois, il ne fallait pas forcément dire la vérité et jouer sur les mots, faire preuve de mystère. Pourtant, ce n'était pas vraiment le tempérament de la vampire qui était plus honnête.

« Honnêtement, je ne sais pas, dit-elle en buvant une autre gorgée de sa coupe.

Elle regarda, à présent aussi vers l'horizon, cherchant à apercevoir ce qui pouvait captiver l'inconnu dans cette vision. Elle ne voyait que l'entrée des jardins du domaine de Lucinda Kravitz, en contre-bas. Roxane haussa les épaules.

-J'ai fait le pari, avec moi-même, que c'était la raison de votre retraite sur ce balcon. Et j'ai décidé que c'était ma chance de vous approcher. Je vous ai remarqué... pendant que je dansais.

Elle portait un masque. Il ne savait pas qui elle était et elle ne savait pas qui il était. Elle pouvait jouer cartes sur table et, grâce au masque, Roxane s'autorisait à être plus directe, sans crainte de se faire rejeter. Après tout, si l'inconnu la congédiait, elle ne le reverrait pas. Ou, si elle le croisait, il ne saurait jamais que c'était elle et inversement. Roxane regardait en direction des jardins. Elle finit sa coupe et posa le verre sur la balustrade du balcon.

-J'aimerais visiter les jardins. Voulez-vous m'accompagner ? »

Sans aucun doute, c'était la phrase la plus audacieuse de la vie de la vampire. Si elle avait eu une seconde coupe, elle l'aurait bu d'une traite car cette phrase était remplie de sous-entendus. Personne ne visitait des jardins la nuit, sauf certains amants en quête d'un endroit tranquille. Parfois, c'était pour commettre un adultère, parfois la demoiselle était une débutante de la saison et elle rejoingait un amant qui pouvait ruiner sa réputation... Parfois, encore, c'était des couples tout à fait classique et il y avait bien sûr, aussi, des gens assez farfelus pour simplement aimer se promener dans les jardins la nuit. En tant que vampire, Roxane aurait, d'ordinaire, fait partie de cette dernière catégorie. Cependant, la situation n'était pas ordinaire.

Ce n'était que physique. L'attirance qu'elle avait pour cet inconnu n'était que physique. Elle ne pouvait pas être éprise après trois phrases échangées. Roxane était bien assez lucide pour le savoir. Elle qui ne dissociait pas sentiments et actes se demanda si ce soir était une exception. Non, cela n'en était pas une. Elle n'avait pas jeté son dévolu sur le premier venu. Elle avait remarqué cet inconnu dans une foule et si elle n'avait pas eu cette violente attirance, elle ne l'aurait pas abordé. Ce n'était pas une entorse à ses principes.

Cette fois, les choses étaient certaines. La demoiselle tentait de le séduire. Silas hocha la tête, l'invitant à continuer. Il ne s'agissait pas seulement de ce sentiment, quoique flatteur, de se sentir désiré. Le proxénète savait qu'il suscitait cela auprès de nombreuses personnes. Lui qui cherchait sans cesse à être parfait, il faisait tout pour. Mais là, il y avait autre chose. Peut-être était-ce les maques, cette impunité qu'ils procuraient, mais le fait était là. La jeune femme assumait ce désir. Mieux, elle l'embrassait pleinement, pour venir se tenir à ses côtés, sans faillir, dépassant les convenances et les bonnes manières pour chercher, tout comme lui, une certaine distraction.

Malgré tout, Silas ne se serait pas attendu à ce que son interlocutrice aille aussi loin dans ses propositions. Derrière son masque, ses sourcils se haussèrent de surprise. Les jardins ? Savait-elle vraiment ce qu'elle proposait ? A cette heure-ci, ils étaient plongés dans les ténèbres de la nuit. Les couples qui s'y aventuraient n'avaient certainement pas pour but une simple et innocente promenade au clair de lune. Surtout lorsque celle-ci était cachée par les nuages.

Un court instant, le proxénète se demanda si la jeune femme ne cherchait pas plutôt à le séduire dans un autre but, plus vénal. Non, il l'aurait su, si des prostituées avaient été conviées au bal de lady Kravitz. Il en était le fournisseur principal. Et puis, la jeune femme avait bel et bien toutes les parures d'une noble. Elle ne pouvait être d'une autre classe sociale. Pourtant, ce n'était pas la manière de faire des nobles, de plonger ainsi, sans filtre, vers les bras de la luxure. Peut-être qu'elle ne savait pas exactement ce qu'elle faisait, qu'elle était une ingénue. Quoiqu'elle ait pu lui montrer, l'assurance dont elle avait fait preuve jusque là, Silas se devait de s'en assurer. Il ne voulait profiter de quelqu'un qui ne pensait pas aux mêmes choses que lui.

"C'est intrigant. Vous êtes intrigante. Me proposez vous vraiment ce que je pense ?"

Enfin, il se tourna face à elle. Glissa sa main sur sa joue, laissant transparaître, au travers de ce geste, le sous-entendu charnel de ses paroles. Et sur le même temps, il plongea, au travers de leurs masques respectifs, son regard dans le sien. Il devait s'assurer d'une dernière chose.

"Savez-vous qui je suis ?"

L'homme avait besoin de le savoir. Parce que si son interlocutrice était une arriviste, une noble qui ne faisait que chercher un moyen de se vanter auprès de ses consœurs, fière d'avoir mis le grappin sur Silas Kingsland, il s'en passerait bien. Au contraire, s'il s'agissait bel et bien là d'un jeu entre deux inconnus, d'un échange de corps dans le secret des masques, ce serait là bien plus intéressant. Excitant, même.

Silas savait que cet échange, au delà de l'ennui provoqué par la soirée, pourrait également être une distraction quand à la frustration qui le tenait au cœur depuis quelques temps. Ce ne serait pas la première fois qu'il tenterait de s'en défaire par le biais de la luxure. Pourtant, il le sentait, cette fois, il y aurait quelque chose de différent. L'audace de cette demoiselle était stimulante.

Au delà du simple fait qu'elle ne savait pas séduire, ces dernières années, Roxane avait surtout évolué dans un monde rempli de prostitués. Alors, il n'était pas si étrange que leurs manières de parler, ou de procéder, aient pu un temps soit peu déteindre sur la vampire.

A la fin de sa première question, l'inconnu s'était tourné vers elle. Elle avait l'impression d'avoir toute son intention maintenant. A quoi pensait-elle réellement en lui demandant d'aller dans ces jardins ? Elle ravala sa salive et le laissa approcher sa main. Sa paume était chaude le long de sa joue et Roxane ne put s'empêcher de suivre le mouvement de sa caresse du mouvement de la tête, ses joues se colorant de rouge. Est-ce qu'elle savait réellement ce qu'elle venait de proposer ? La brèche qu'elle avait ouverte ? Non. Assurément non. Elle n'eut pas le temps de répondre à cette première question que l'homme en posa une seconde. Savait-elle qui il était ? La réponse était tout aussi simple : non. Toutefois, elle trouva étrange qu'il lui demande cela. Était-il un noble si connu ? Un homme marié ? Fiancé ? Il y avait quelque chose de suspect dans cette question.

« Je ne sais pas qui vous êtes.

Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle ne le connaissait pas car, cela, Roxane n'en avait aucune certitude. Peut-être que, sous son masque, elle connaissait cet homme. D'ailleurs, à bien y penser, Roxane trouvait qu'il avait une carrure similaire et une couleur de yeux semblable à.... Non, non, non. Ce n'était pas lui. Impossible. Il détestait les mondanités, il n'aurait rien à faire là. En plus, si sous ce masque se trouvait Silas Kingsland, Roxane devrait admettre qu'elle n'avait pas tourner la page. Et pire encore, au vu de son échange actuel avec l'homme. C'était inconcevable. Sous ce masque, c'était un autre homme, un autre noble. Oui. Et elle devait bien avouer que cela l'arranger de ne pas connaître l'identité de son interlocuteur. Sans les masques, l'aurait-elle seulement abordé ? Peut-être. Lui aurait-elle proposé d'aller dans les jardins. Certainement pas. Elle porta sa propre main sur celle de l'inconnu et l'éloigna de son visage. Elle reprit la parole, d'une voix plus basse :

-Si vous êtes un homme marié ou fiancé, je préfère le savoir, en revanche.

Et si tel était le cas, Roxane décamperait, en vitesse. Même si des unions étaient arrangées, Roxane ne voulait pas être une cause de tromperie.

-Si tel n'est pas le cas....

Par les canines du grand Dracula, comment pouvait-elle répondre à la première question ? Roxane détourna le regard, les joues empourprées, cherchant les mots qui conviendraient. A quoi, lui pensait-il, exactement ? Bien sûr qu'elle ne proposait pas réellement une balade dans les jardins en pleine nuit. Même si elle en aurait été capable. Mais que proposait-elle réellement ? Roxane avait bien conscience qu'en allant dans ces jardins, certains actes peu innocents se produiraient. Toutefois, la limite, elle ne la connaissait pas. Avait-elle envisagé une seconde d'aller jusqu'au bout d'une relation charnelle ? De perdre sa virginité dans ces jardins ? Même si elle craignait un peu ce dernier fait, elle n'avait pas véritablement peur de ce qui pourrait se produire. Sûrement parce qu'elle n'avait pas eu de relation charnelle ? Ou parce que, encore une fois, son entourage de ces dernières années était assez particulier pour qu'elle ne se sente pas apeurée ? Et puis, Roxane n'était plus une jeune fille débutante de la noblesse. A son âge, on avait plus de chaperon. A son âge, on était une épouse qui donnait des héritiers, ou une nonne, ou une vieille fille. Elle était encore jeune mais, d'une certaine façon, plus assez pour leur société.

Ce n'était pas du tout comme cela qu'elle avait envisagé les choses. Et pourtant, elle prenait un risque s'ils s'y rendaient. Si elle ne pouvait pas répondre en étant précise, alors, elle resterait floue, pour le moment mais elle devait bien être claire sur ses intentions : ce n'était pas une promenade pour se rafraichir et admirer la faune et la flore des jardins de Lucinda Kravitz.

Roxane s'approcha de son interlocuteur et se hissa sur la pointe des pieds pour créer une proximité accrue entre eux. Elle murmura près de son épaule, sous son oreille :

« Si vous voulez découvrir ce à quoi je pense, vous allez devoir m'accompagner. »

Roxane trouvait qu'elle s'en tirait bien. Elle le contourna et lui montra un escalier, sur le côté du balcon, qui descendait vers les jardins. Elle lui tendit ensuite son bras, attendant qu'il s'en saisisse ou non. Etrangement, Roxane appréciait cette situation. La vampire se sentait désirable et trouvait qu'il y avait quelque chose d'à la fois dangereux et plaisant dans cette situation.

De son côté, si Silas avait pu remarqué une ressemblance dans son allure avec Roxane, ou s'il avait discerné l'ambre de son regard, comment pouvait-il un instant imaginer la vampire sous ce masque de part ses manières ? Et puis, selon toute apparence, Roxane était à Everton, non à Ayrith. Sinon, comme à son habitude, elle aurait pris une chambre dans un de ses bordels plutôt qu'un hôtel et il aurait vu son nom sur le registre.

La réponse de son interlocutrice correspondait aux attentes de Silas. Derrière son masque, il se permit un sourire. Il préférait cela. Avec malice, il reprit.

"Bien. Alors, si vous êtes d'accord, je vous propose que l'on continue ainsi. Gardons les masques. Cela rajoute de la fantaisie, vous ne trouvez pas ?"

Ce n'était pas tant que Silas souhaitait garder son identité secrète. Maintenant qu'il savait que la venue de son interlocutrice était seulement pour des raisons physiques, il n'avait à se soucier des commérages. Elle n'était pas là pour ça. Mais l'idée d'agir ainsi, dans le secret de l'anonymat, dégageait plutôt une tentation exquise. C'était plaisant, c'était attirant. Et qu'importe s'il ne pouvait se servir de ses lèvres, bloquées derrière cette barrière du masque. Il aurait bien d'autres manières d'agir.

La jeune femme accepta cette condition, tout en émettant à son tour une réserve. Elle était légitime dans sa demande. Mais, du côté de Silas, il n'y avait pas à s'en faire. Lui et le mariage n'étaient pas compatibles, de son avis. Il répondit par la négative. Dès lors, les choses étaient claires, et le jeu pouvait reprendre.

Une nouvelle fois, la demoiselle prit l'initiative. Elle se pencha vers Silas, lui susurra quelques mots à l'oreille. Mais, tout comme lors de sa première proposition, elle n'était pas totalement claire dans ses intentions. Qu'importe. L'homme, lui, avait verbalisé les siennes. Il n'y avait plus qu'à voir jusqu'où elle serait prête à aller.

Car malgré tout, ils devaient au moins être sur la même longueur d'onde. Dans le cas contraire, l'inconnue l'aurait repoussé. Il n'était plus non plus question, dans son esprit, qu'il s'agisse d'une prostituée, ou même d'une personne qui cherchait à le piéger par on ne sait quel appât du gain. Si tel avait été le cas, elle aurait été plus claire dans ses prétendues intentions. Elle lui aurait donné exactement ce qu'il voulait, afin d'être certaine qu'il la suive. Non, cette femme était bel et bien là pour ce qu'elle prétendait être. Elle avait vu Silas, et cela lui était monté à la tête. Ou plutôt descendu au centre du désir.

"Je vous laisse faire alors. Ne me décevez pas."

Alors, il se saisit de sa main tendue, et la laissa l'entraîner jusque dans les jardins.

Garder les masques était une condition à laquelle Roxane acceptait bien de se plier. De la fantasie ? Peut-être. Mais, avec ces masques, elle ne pourrait pas l'embrasser. En effet, le masque de son interlocuteur recouvrait tout son visage. Roxane préférait ne pas savoir qui il était car il existait une infime chance pour que cet homme soit le seul sur lequel elle ne devait pas tomber. Et effectivement, cela rajoutait un quelque chose que Roxane ne savait pas nommer.

Quand il se laissa entraîner, Roxane hésita. Dans quelle aventure s'était-elle lancée ? D'un pas machinal, elle avança vers l'escalier, et donc, les jardins, accompagné de son partenaire. Elle entendait son propre cœur tambouriner dans ses oreilles. Elle espérait ne pas avoir les mains moites. Son pas était léger. Sans empressement, elle entraîna l'inconnu dans les jardins qu'elle ne connaissait pas. Elle gardait en tête que lorsque l'horloge retentirait, elle devrait filer.

La laisser faire n'était pas nécessairement une bonne chose. Roxane n'avait aucune idée de comment s'y prendre... de ce qu'elle devait faire. Elle avait encore quelques minutes pour y réfléchir. Ne pas le décevoir ? C'était une tout autre paire de manches. Ces paroles avaient mis une certaine pression sur elle. En fait, maintenant, elle se rendait compte qu'elle paniquait un peu. Quelle mouche l'avait piquée de proposer à un homme des plaisirs de la chair dans des jardins alors qu'elle ne savait pas s'y prendre ?

Roxane et son accompagnateur s'enfoncèrent dans les jardins. Roxane avançait sans savoir où elle allait. Ils n'étaient pas le seul duo à être allés dans les jardins. Des murmures ou certains bruits ne laissant pas de place au doute des activités qui se produisaient s'élevaient parfois. Roxane avait les joues rouges d'embarras. Elle continua d'avancer dans les jardins jusqu'à ce qu'ils soient assez loin pour être cerclés par le silence et la verdure. Personne ne viendrait aussi loin. Roxane regarda autour d'elle.

« Je crois qu'ici, nous serons tranquilles » déclara-t-elle, son aplomb disparu.

Roxane n'était plus du tout aussi assurée. Elle fit face à l'homme masqué. Et maintenant ? Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire. Elle n'allait quand même pas se jeter sur lui ! Et il ne semblait pas vouloir lui faciliter la tâche en attendant de voir ce qu'elle ferait. Peut-être qu'en fin de compte, elle aurait dû se contenter d'une promenade classique dans la nuit ?

Elle se sentait quelque peu perdue. Tout son assurance s'était envolée. Roxane avança ses mains pour lui toucher les bras, de ses mains jusqu'à ses épaules. Elle plaça celle de l'homme masqué sur sa taille, près de ses hanches. Il fallait bien qu'elle commence quelque part ! La vampire s'approcha aussi près qu'elle le pouvait de lui. Ses gestes trahissaient son inexpérience. Pourtant, Roxane ressentait bien de l'envie et ses pensées avaient du mal à faire un cheminement cohérent. Notamment, elle souhaitait le mordre. Elle se retint bien entendu, laissant ses mains partir à la découverte des bras, du dos et du torse de l'inconnu par-dessus ses vêtements. Elle sentait ses muscles puissant. Cet homme avait suivi un entraînement militaire, cela ne faisait pas de doute. Elle effleura de ses lèvres ses épaules et son cou. Elle n'osa certainement lui enlever de vêtements ni pas mettre ses mains sous sa ceinture. D'une part, parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle y trouverait et d'autre part, parce qu'elle n'était pas certaine que cela soit approprié d'aller toucher ce genre d'attributs. Si ?

« Si vous ne souhaitez pas être déçu, je crains qu'il ne faille me guider. »

Ce n'était pas la chose la plus commune. La jeune femme ne gloussait pas, ne semblait pas aux prises avec cette excitation de l'interdit. Elle avançait, simplement, déterminé, vers les profondeurs de ce jardin. Et Silas la suivait, sans un mot. Sa curiosité s'était éveillée, et réclamait de voir jusqu'où ils iraient.

Les jardins étaient grands. Ils y marchèrent de longues minutes. Jusqu'à ce que l'inconnue en atteigne l'un des recoins, isolé. Silas hocha la tête. Une fois de plus, il attendait qu'elle fasse le premier pas. Elle tarda quelque peu, mais finalement, ses mains vinrent se poser sur lui. Explorer le haut de son corps, par dessus la barrière des vêtement. C'était frustrant. C'était gênant. L'homme aurait voulu plus, plus vite. Mais jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole, il préféra la laisser faire, pensant que malgré la franchise dont elle avait fait preuve en premier lieu, la témérité avec laquelle elle avait pu l'aborder, elle avait besoin de temps.

Sauf que cela durait. Elle restait en superficie. Alors, devant les derniers mots qu'elle prononça, Silas fut pris d'un doute. Quelque soit l'audace dont elle avait pu faire preuve, ses gestes, à ce moment là, disaient le contraire. Ils étaient empreints de maladresse, d'un certaine timidité. Etait-ce la première fois qu'elle faisait cela ? Pas seulement profiter d'un coup rapide, entre deux haies dans le jardin d'autrui, mais simplement offrir son corps à quelqu'un d'autre qu'elle-même. La demoiselle était-elle encore pucelle ?

La main de Silas se relâcha légèrement. Cette pensée le fit douter. Il se demandait s'il était légitime à faire ce qu'il souhaitait faire. Après tout, il n'avait rien d'autre à lui offrir que ce moment, masqué, anonyme. Etait-ce vraiment la trace qu'elle voulait garder de sa première fois ? Et puis, il se ravisa. Non, c'était elle qui était venue le trouver. Elle savait exactement ce qu'elle faisait. Alors, puisqu'elle le voulait, il allait lui offrir ce qu'elle souhaitait. Jusqu'à qu'elle n'en puisse plus. Qu'il n'en puisse plus. Ou bien qu'elle lui demande d'arrêter.

Profitant de la prise qu'elle lui avait offerte autour de sa taille, Silas resserra l'étreinte de leur deux corps, la plaquant tout contre lui pour pouvoir lui susurrer quelques mots à l'oreille.

"Et comment saurais je à quoi vous pensiez ?"

Il s'empara de sa main, et la força à glisser entre les pants de sa veste, et les boutons de sa chemise. Silas la guida, tout contre propre torse, l'incitant avec délicatesse à venir le caresser, dans un mouvement de descente progressive vers son ventre. Au fur et à mesure, les boutons de sa chemise sautaient, laissant la peau nue que la jeune femme venait de parcourir en proie au froid nocturne.

"Etait-ce à cela, que vous pensiez ?"

De son autre main, toujours positionnée dans le dos de la jeune femme, il s'affaira plutôt à remonter ses jupons. Quelques rapides mouvements de doigts, qui faisaient progressivement monter les couches de tissu jusqu'à sa taille. Et il y en avait, des couches, dans les robes de noble. Cela n'arrêterait pas Silas.

Dès que le jupon fut suffisamment haut pour lui permettre d'atteindre son objectif, il posa sa paume de main contre la peau tout juste dévoilée de la demoiselle. Il caressa l'arrière de sa cuisse, faisant courir ses doigts jusqu'à remonter sur les coutures de ses dessous. Il s'y attarda un instant, tentateur, avant de redescendre, et de reprendre le même geste. 

"Ou plutôt à ça ?"

Puis il glissa un doigt sous le tissu.