Célébration [Terminé]

La dryade resta assise sur sa banquette un long moment. La proximité de l'arbre était ressourçante. Ses yeux se fermèrent tout naturellement, pour écouter les bruits environnants. Malgré le brouhaha de la foule, on pouvait entendre quelques oiseaux au loin, et le bruissement léger du vent dans les feuilles. Elle tenta de se concentrer sur ce son, qui lui rappelait sa forêt.

Dans le fond, ce qu'elle souhaitait, c'était aussi éviter la fratrie. Bien sûr, elle devrait, à un moment, retourner voir Félixine, mais si au moins, elle pouvait le faire lorsque Batiste et Mathurion seraient partis, ce serait déjà une grande réussite.

Quand elle ressortit enfin de ses pensées, la foule avait commencé à se disperser. Louison rechercha Félixine du regard. Là bas, un éclat rouge, semblable à sa robe. Il s'agissait probablement de la jeune femme. Etait-elle seule ? La dryade n'arrivait pas à le voir. Elle soupira, puis se leva. Elle n'avait pas le choix, ayant déjà trop retardé le moment de son retour.

Ce ne fut pas Félixine qui croisa en premier la dryade mais le prince Mathurion. Il avait réussi à s'éclipser lorsque son frère et sa soeur s'étaient encore pris le bec.

Il soupira et fut ravi de pouvoir enfin avoir la paix. Le prince cherchait sa chère et tendre du regard, balayant la foule à la recherche d'une chevelure rouge. Elle lui avait fait un petit signe mais elle avait disparu avant qu'il ne la retrouve. Il savait qu'il ne reverrait pas la forgeronne avant le lendemain car, au vu de sa condition, elle n'avait rien à faire au banquet...

Il croisa la dryade lorsque celle-ci avait enfin décidé de retourné vers le palais. Il l'observa quelques secondes avant de s'adresser  à elle.

"Comment vous sentez-vous ici? Je veux dire, au palais?

Mathurion avait toujours prit son statut et le palais comme une prison dorée...avec laquelle il s'était accommodé. Il imaginait sans mal le mal être que pouvait avoir une dryade enfermée dans une château, loin de la simplicité de la nature. Félixine aussi mais elle était dans le déni, préférant fermer les yeux et ne pas voir ce genre de choses. 

Après avoir parcouru une vingtaine de pas, Louison fut forcée de s'arrêter. Une silhouette en armure lui barrait la route. Mathurion. Que voulait-il ? Il resta quelques secondes à la fixer, et la dryade maintint son regard droit dans ses yeux.

Enfin, il prit la parole. La jeune femme fronça les sourcils, alors que sa réponse venait de façon spontanée.

"Pas à ma place, évidemment. Mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ce qu'on aime ?"

Par ce, elle entendait bien évidemment son bosquet. Si elle ne le savait pas en danger par la présence des chasseurs, voir peut-être même un jour par des bûcherons qui auraient besoin de fournir du bois pour les activités citadines, Louison ne serait jamais revenue au palais. Lorsque Félixine lui avait permis d'aller se régénérer, il n'aurait pas été bien compliqué pour elle de rester dans son bosquet, et de s'y dissimuler comme avant.

"Pourquoi ?" Ajouta-elle, sur la défensive.

Louison avait du mal à croire qu'il se soucie simplement de son bien-être. Lors de leur dernier échange, la jeune femme savait que ses paroles l'avaient irrité. Et puis, elle restait d'une nature méfiante, surtout lorsqu'elle voyait l'identité de son frère.

Mathurion grimaça en sentant l'animosité dans le ton employé par son interlocutrice. Elle avait le ton sec et sa voix avait quelque chose de désagréable. Elle était clairement sur la défensive. Agissait-elle de la même manière avec Félixine? 

"Parce que vous n'aviez pas l'air à votre place, tout à l'heure. Vous êtes bien une dryade? Cette structure n'est pas adaptée à votre espèce... 

Cette dernière phrase était plus un constat qu'autre chose.

- Ne me jugez pas aussi vite que vous aviez pu le faire avec mon frère. Nous sommes deux personnes différentes... avec des valeurs différentes. D'ailleurs, Batiste n'est pas forcément le monstre que vous pensez qu'il est."

Mathurion comprenait le poids sur les épaules de son frère. Être l'héritier d'une couronne, cela lui avait déplu pendant le temps où Batiste avait été retenu par des rebelles. 

Batiste avait été élevé par les louanges. On l'avait élevé en lui répétant qu'il serait un grand roi, qu'il était le meilleur, qu'il serait le meilleur. On lui avait apprit à cacher ses sentiments pour être impitoyable... Parfois trop. Mathurion était bien content de ne pas être le premier né. 

À écouter les paroles du jeune homme, Louison avait presque l'impression qu'il se souciait sincèrement de son bien-être. Peut-être qu'elle-même devait faire un effort.

"On se fait à tout."

En réalité, Louison avait effectivement adapté l'environnement du château à sa personnalité. Elle avait réussi, après de longues négociations, à convaincre le personnel de la laisser gérer ses appartements, et en avait donc profiter pour s'approprier l'espace. Ensuite, dans le plus grand secret, elle avait utilisé sa magie pour redonner vie aux meubles en bois, remplissant tout l'espace de divers branchages, telle une forêt vierge. La dryade avait aussi ramener de la terre, pour y planter des graines, et quelques fleurs sauvages. C'était bien plus à son goût.

La jeune femme se reconcentra sur les paroles de Mathurion. Le petit sourire en coin qui était apparu sur ses lèvres lorsqu'elle avait prononcé sa dernière réplique s'effaça.

"Je veux bien tenter d'oublier les quelques préjugés que j'ai sur vous. Par contre, n'essayez pas de me faire changer d'avis sur votre frère. Je l'ai vu agir. S'il ne souhaite pas qu'on pense qu'il est un monstre, qu'il cesse donc de l'être."

Là-dessus, Louison ne pouvait pas céder. Depuis leur première rencontre, le chasseur n'avait rien fait qui puisse être en sa faveur. Même si la dryade s'était aussi montrée farouche, il aurait sûrement pu agir autrement qu'à coup de menace et de brutalité.

Mathurion n'insista pas en ce qui concerne son frère. Il avait bien saisi que c'était un sujet houleux et de discorde pour la dryade. Un argumentaire n'était pas envisageable.

"Bien, je ne vous parlerais plus de lui alors. Seriez-vous, en revanche,  à la recherche de ma soeur?"

Après tout, Louison était sa dame de compagnie. Sa place était auprès de Félixine dans la plupart des cas. 

(DSL, j'ai pas le temps d'en faire plus, j'écrirai plus dans le prochain ^^)

Louison hocha la tête. Parfait. Avec elle, ce n'était pas la peine d'essayer de la faire changer d'avis. Elle était trop têtue pour cela, et seul le principal concerné pouvait tenter de faire évoluer son image. Ce qui, selon elle, n'arriverait jamais. La dryade voyait vraiment mal Batiste se remettre en question.

"J'étais plutôt en chemin pour la rejoindre. Elle est ..."

Tout en parlant, la dryade avait jeté un coup d'œil par dessus l'épaule du jeune homme, pour voir que la noble avait disparu.

"Elle était là bas. Mais bon. Effectivement, maintenant je la cherche. Vous savez où est-elle allée ?"

Louison aurait bien prit le temps de la chercher, mais elle se dit qu'elle était déjà restée à l'écart trop longtemps. Ce n'était pas la peine qu'elle en vienne à irriter Félixine du fait de son absence prolongée.

(Pas de soucis. Et si tu as besoin de plus de temps pour répondre, prends le, ne t'inquiète pas ^^)

(C'est juste que je devais partir ^^")

Mathurion se doutait bien qu'elle avait perdu Félixine. Il sourit un peu.

"Ma soeur doit être en train de se préparer pour le banquet. Vous avez dû remarquer qu'elle mettait du temps pour se préparer. Vous la trouverez dans ses appartements."

C'était vraiment le jour et la nuit entre le comportement des deux princes. Mathurion était compatissant car il avait du mal à trouver sa place ici alors il n'imaginait pas comment la dryade devait se sentir par moment. Il se demandait qu'elle était le but final de Félixine.  Après tout, pourquoi sa soeur avait-elle choisi Louison comme dame de compagnie? Elle l'avait fait pour la sauver... Mais elle aurait pu trouver une autre manière d'épargner la vie de la dryade.

Louison sourit, et fit un pas sur le côté pour pouvoir contourner le jeune homme. Définitivement, si Félixine était partie se changer, il fallait que la dryade se dépêche. Elle était censée l'aider.

"Merci."

La jeune femme salua Mathurion d'un geste de la main, tel qu'elle le faisait pour saluer ses proches dans le temps, et se faufila rapidement en direction du bâtiment où résidait Félixine. Évidement, cette façon d'agir n'était pas adaptée à la cour. D'autant plus que dans son élan, le bas des jupons de la robe de Louison se soulevèrent, laissant apparaître ses pieds nus qui foulaient le sol de la cour. Définitivement, la dryade faisait les choses à sa manière.

Louison connaissait désormais bien les différents couloirs du palais, pour avoir pu le visiter durant sa convalescence, comme un exercice de rééducation. Ainsi, elle pu emprunter un escalier détourné, qu'utilisaient habituellement les domestiques, pour rejoindre plus rapidement les appartements de Félixine.

Elle émergea de la case d'escalier lorsque la porte principale des appartements se referma. Très bien, Louison avait presque réussi à rattraper la noble. Elle fit quelques pas de plus, et frappa sur le battant.

Mathurion n'avait pas eu le temps d'en dire plus que la dryade était déjà en train de filer. Elle lui fit un signe de la main pour le saluer et, dans sa lancé, le prince découvrit qu'elle ne portait pas soulier. Il eut un regard perplexe et indéchiffrable. Mathurion se gratta le front. Décidément, les manières de Louison ne convenait pas à la cours. Il était étonné qu'elle arrive à se trouver une place.

Félixine était effectivement dans ses appartements pour se changer et se préparer. Elle avait ordonné qu'on lui prépare un bain avec des pétales de rose quand Louison frappa. Félixine l'autorisa à entrer